Levé ou maintien de l’état de siège : l’Assemblée Nationale divisée !

En vigueur depuis mai 2021 au Nord-Kivu et en Ituri, l’état de siège divise les députés nationaux en République Démocratique du Congo, en dépit de la demande de la population exigeant sa levée immédiate pour absence de résultats.

Au terme du débat vendredi 06 décembre 2024 à l’Assemblée Nationale, les députés ont donné des avis partagés et distincts au sujet de cette mesure instaurée dans ces deux provinces pour restaurer l’autorité de l’État. Certains, par leur vote, ont jugé inopportun de lever cette mesure alors que les raisons pour lesquelles elle avait été instituée n’ont pas encore atteint leur but. Ceux qui votent en faveur de l’état de siège à l’hémicycle national sont généralement issus de provinces autres que celles frappées par cette mesure. Certains élus du Nord-Kivu ont fustigé le comportement de leurs collègues d’autres provinces.

« Nos collègues n’ont pas encore compris la profondeur de la question. Ils sont dans le sentiment plutôt que dans la raison. Ces deux provinces devraient bénéficier de la solidarité des autres pour mettre un terme à ce régime », a expliqué un élu qui a requis l’anonymat

Dans son intervention, le député national Mbindule Mitono Crispin avait fustigé l’évaluation superficielle de l’état de siège dans ces provinces par le gouvernement. L’élu de Butembo avait insisté sur la nécessité d’une évaluation sérieuse et exhaustive de la situation sécuritaire dans ces régions.

Le député Mbindule Mitono a souligné que pour aborder les causes profondes de l’insécurité persistante, une mission d’inspection est non seulement urgente, mais essentielle. Il a critiqué l’évaluation superficielle effectuée jusqu’à présent, suggérant qu’elle n’a pas réussi à analyser en profondeur les enjeux sécuritaires qui affectent ces provinces.

« On ne doit pas se limiter à une mission d’évaluation de l’état de siège. Je propose qu’il soit plutôt organisé prochainement une mission d’évaluation et d’inspection non seulement de l’état de siège, mais surtout de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Ce n’est pas seulement pour l’état de siège que nous devons faire des évaluations ; la situation sécuritaire doit être évaluée. Nous n’allons pas évaluer la mise en œuvre des opérations, mais la mise en condition de nos troupes sur le terrain », avait-il fait savoir.

D’autres élus de la région de Beni, à savoir les députés Enock Batsotsi, Élie Vaghumawa et Ezekiel Barnabas, avaient évoqué la nécessité de renforcer ces zones en troupes. Selon eux, plusieurs positions de l’armée ont déjà été dégarnies pour renforcer le front contre le M23-RDF dans le territoire de Lubero.

« Nous avons un défi d’effectifs sur le front contre les ADF. Et cette situation donne couloir à l’ennemi pour nous secouer. Si les massacres s’accélèrent aujourd’hui, c’est parce qu’il y a plus des FARDC en nombre important à Beni ; ils sont concentrés sur le front contre les rebelles du M23-RDF. Parce que le pays partage une bonne collaboration avec l’Ouganda, je souhaite que les autorités entrent en contact avec l’Ouganda pour renforcer les effectifs militaires de l’UPDF afin de combler ce vide en attendant que des solutions soient trouvées, car nous collaborons avec l’armée de ce pays », a dit le député national Enock Batsotsi.

Ces interventions soulignent la nécessité et l’urgence de traiter cette question avec plus de sérieux pour donner une vision claire sur l’avenir de ces deux provinces.

Azarias Mokonzi

Author(s): tazamardc.net
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