Alors que la République démocratique du Congo traversait une période cruciale de son existence – l’organisation des élections générales du 20 décembre dernier – son voisin, le Rwanda, s’est stratégiquement fait des opportunités au point de devenir, à travers un accord, le premier pays africain partenaire de la Banque européenne d’investissement (BEI), en matières premières critiques.
Le 19 décembre 2023, les deux parties représentées respectivement par Paul Kagame, président du Rwanda, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne ont conjointement paraphé cet accord. En devenant le premier pays d’Afrique à s’associer à la BEI pour mobiliser des investissements dans les matières premières critiques, le Rwanda a, une fois de plus, renforcé sa position sur la scène internationale.
Grâce à ce partenariat, cette institution européenne soutiendra activement la mise en œuvre du règlement européen sur les matières premières critiques, ce qui va logiquement constituer une étape cruciale pour assurer un approvisionnement abordable et durable en matières premières essentielles.
Dans le même registre, ledit partenariat permettra aux équipes techniques et financières de la BEI de renforcer leur coopération avec des partenaires du domaine des matières premières critiques, afin d’explorer de nouvelles opportunités d’investissement et d’améliorer l’accès aux financements pour des projets respectueux de l’environnement qui contribuent à un développement économique durable à long terme.
« Cette collaboration entre le Rwanda et la BEI incarne un effort collectif pour favoriser le développement durable, renforcer les liens économiques et répondre à la demande mondiale croissante de matières premières critiques, y compris de métaux de base, de matériaux pour batteries et de terres rares », indiquait un passage de ce document consulté par MINES.CD.
Des menaces économiques
L’accord entre Kigali et la BEI continue de faire couler ancres et salives quant aux risques potentiels pour la République démocratique du Congo, son voisin qu’il agresse depuis plus de deux décennies pour entres autres mettre la main sur ses ressources minières.
En effet, le Rwanda semble avoir pris un bon élan pour devancer la RDC sur le plan économique, et cet accord pourrait accentuer cette concurrence en attirant l’attention des investisseurs du secteur minier vers le Rwanda – qui pourtant n’a presque pas des minerais sur son territoire – réduisant ainsi les opportunités d’investissement en RDC.
Suite à cet accord, le développement industriel en RDC pourrait aussi connaître un frein en raison d’un possible détournement des investisseurs vers le Rwanda, dans le secteur minier. Bien que diplomatiquement, Kinshasa est en froid avec Kigali, la RDC pourrait tout de même devenir économiquement dépendante du Rwanda, étant donné que les deux pays partagent des frontières et entretiennent des liens économiques étroits.
La réponse du gouvernement congolais qui devrait consister notamment à multiplier les stratégies pour éviter ces risques ou les atténuer afin de promouvoir un développement économique équilibré dans le pays, est vivement attendue.
Pour rappel, les minerais critiques sont un groupe spécifique de matières premières essentielles à la fabrication de divers produits et appareils technologiques spécialisés. Ils sont utilisés dans plusieurs secteurs clés tels que les technologies de l’information et des communications, les technologies propres, l’énergie, les transports, l’aérospatiale et la défense, ainsi que les sciences de la santé et de la vie.
Jephte MATONDO
Author(s): mines.cd
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