L’annonce des sanctions américaines contre James Kabarebe, ministre rwandais de l’Intégration régionale, et Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23, a suscité des réactions contrastées entre Kigali et Kinshasa. Alors que le gouvernement rwandais dénonce des mesures « injustifiées et inefficaces », la RDC y voit un premier pas vers une pression internationale accrue contre le Rwanda.
Le porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a rejeté ces sanctions, estimant qu’elles ne contribueront pas à la résolution du conflit à l’Est de la RDC. « Si les sanctions pouvaient résoudre les conflits dans l’Est de la RDC, nous aurions eu la paix dans la région il y a des décennies », a-t-elle déclaré. Cette position reflète la ligne défensive adoptée par Kigali, qui considère ces mesures comme une attaque injustifiée contre ses responsables.
Paul Kagame, le président rwandais, a également exprimé son mépris face aux menaces de sanctions contre son pays. « Entre faire face à une menace existentielle et les menaces de punir le Rwanda pour avoir fait face à la menace existentielle qui pèse sur le Rwanda… vous pouvez imaginer combien je vais cracher au visage de quiconque me dit de choisir entre quelle mort je devrais affronter », a-t-il affirmé dans une communication récente.
Dans un communiqué, le ministère rwandais des Affaires étrangères a également réagi, ce 20 février 2025, dénonçant ce qu’il qualifie d’une politique de deux poids, deux mesures de la communauté internationale. « Depuis trois ans, le conflit le long de la frontière Ouest du Rwanda implique des forces hostiles qui n’ont pas été sanctionnées. Celles-ci incluent les Forces Armées de la RDC (FARDC), combattant aux côtés des troupes de la SAMIDRC, des troupes burundaises, et de la milice génocidaire FDLR, et de mercenaires européens. Pas plus tard que récemment, 300 d’entre eux ont bénéficié d’un passage sécurisé à travers le Rwanda vers la Roumanie », indique le ministère Rwandais. Le ministère a également souligné que « les sanctions et autres mesures punitives ne favorisent en rien la paix, la sécurité ou la stabilité régionale. Elles ne font que constituer une ingérence injustifiée dans un processus de résolution du conflit mené par l’Afrique».
À Kinshasa, le ton est tout autre. Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a salué ces sanctions et espère voir d’autres partenaires internationaux suivre l’exemple des États-Unis. « Ceci marque le début d’une longue série de sanctions que nous voulons plus robustes de la part du Conseil de Sécurité, de l’Union Européenne et d’autres partenaires afin de contraindre le Rwanda à retirer ses troupes et à cesser ses activités criminelles sur notre sol », a-t-il écrit.
Ces réactions opposées illustrent une fois de plus l’impasse diplomatique entre les deux pays, alors que les tensions restent vives sur le terrain dans l’Est de la RDC.
La rédaction
Author(s): tazamardc.net
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