Processus de paix : Les leaders de l’ECC-CENCO brisent les limites de Kinshasa et écoutent les ténors de l’AFC/M23 à Goma

Les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont posé leurs valises à Goma ce mercredi. Leur mission vise à rassembler les acteurs de la classe socio-politique congolaise dans un esprit de « cohésion nationale » pour faire face à la crise sécuritaire qui frappe l’est du pays.

Actuellement en réunion à l’hôtel Serena avec Corneille Nangaa et son équipe de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), les représentants religieux présentent leur plan de sortie de crise, baptisé « Pacte Social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Lors d’une précédente présentation à Kinshasa, Mgr Donatien Nshole avait souligné l’importance d’inclure les belligérants armés dans le processus de paix. « Nécessairement, nous voulons la paix, nous voulons une solution alternative à la guerre. La guerre est menée par ceux qui ont pris les armes ; ça n’aurait pas de sens de les mettre à côté et d’espérer retrouver la paix sans eux », a-t-il affirmé.

La délégation est constituée de figures clés, dont Mgr Fulgence Muteba, président de la CENCO, Révérend André Bokondoa, président de l’ECC, ainsi que d’autres membres influents des deux institutions. Mgr Willy Ngumbi, évêque de Goma, participe également à ces discussions cruciales. Leur arrivée à Goma a été facilitée par un passage par Kigali, entrant par le poste frontalier de La Corniche.

La prise de Goma par la rébellion du M23, soutenue par l’armée rwandaise, a suscité une forte demande de dialogue national tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la République Démocratique du Congo (RDC). Ce dialogue est perçu comme une clé pour résoudre la crise sécuritaire persistante dans la région.

Cependant, cette initiative des Églises a rencontré une opposition de la part de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti présidentiel, qui a affirmé que « l’Église n’a pas vocation de prendre des initiatives politiques », rappelant le caractère laïc de l’État congolais. Dans un communiqué publié le 11 février, l’UDPS a encouragé les leaders religieux à promouvoir des messages de paix tout en respectant les autorités légales du pays.

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a également clarifié la position du gouvernement, indiquant que le président Félix Tshisekedi n’avait pas mandaté les Églises pour mener des discussions sur un pacte social pour la paix. Il a précisé que toute initiative devait être validée par le chef de l’État, soulignant que les discussions entre les Églises et le gouvernement en étaient encore à leurs débuts.

Malgré ces oppositions, la CENCO et l’ECC continuent de défendre leur projet de « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Leur objectif est de mobiliser la population autour de la paix et de renforcer la cohésion sociale, alors que l’insécurité persiste. Les dirigeants des deux Églises ont affirmé que ce pacte est le fruit d’un long processus, répondant aux attentes de divers acteurs de la société, et vise à rassembler toutes les parties impliquées pour établir une stabilité durable dans la région, y compris les groupes armés et les États étrangers concernés.

La situation en RDC reste complexe, mais l’effort de dialogue engagé par les Églises pourrait ouvrir de nouvelles voies vers la paix tant espérée.

Josué Mutanava

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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