La vie reprend son cours normal en ville de Goma, une semaine après son occupation par l’armée rwandaise. Sans aucun choix, les habitants sont obligés de vaquer à leurs activités malgré les multiples restrictions instaurées par la rébellion, maître de la jungle.
Goma se retrouve sous un régime de terreur, qui ne consacre aucune liberté de penser, d’expression et voire de se mouvoir. Après le rétablissement de l’eau, de l’électricité et de la connexion internet, les activités socio-économiques reprennent timidement dans certains secteurs. Les banques, par peur de braquage, n’ont toujours pas ouvert, seuls les motos-taxis et les petits commerces fonctionnent. Les grands magasins et supermarchés restent toujours fermés. Les images du dernier pillage sont loin d’être effacées par les hommes d’affaires du milieu, dont, pour la plupart, les capitaux ont disparu.
La terreur installée
La démocratie tant vantée par les Congolais est piétinée sans vergogne par les rebelles dans la ville. Selon Stewart Mihindo, militant de la LUCHA (« Lutte pour le Changement ») et activiste des droits humains, outre les travaux forcés instaurés par les rebelles, il est imposé aux habitants l’interdiction de toute critique et la restriction des libertés publiques. « C’est le règne de la terreur à Goma », a-t-il déclaré, soulignant que même le contrôle de la presse est aussi restreint.
« Il se vit une situation de terreur sous l’occupation du M23 et de l’armée rwandaise. On a vu que samedi, toute la population congolaise a été contrainte de participer à un salongo, et il y a une restriction sérieuse des libertés publiques. Ce sont eux qui déterminent ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas être fait en public. Les journalistes ne sont pas autorisés à rencontrer tous ceux qu’ils voient et pensent, parce que les récits qui ne correspondent pas à leur narratif sont systématiquement réprimés. Il y a en tout cas une terreur terrible à Goma. Les gens sont motivés par l’instinct de survie. Dans certaines vidéos, vous voyez certains applaudir, exactement parce qu’ils savent que s’ils ne le font pas, ils vont se faire tuer. Les gens ont peur tout simplement », a-t-il poursuivi.
Face à cette situation, notre source appelle le gouvernement congolais à renforcer les mesures de sécurité dans les zones encore non occupées par les rebelles, pour éviter l’élargissement de cette terreur. Elle pense en outre que ce phénomène sonne comme une alerte pour appeler le gouvernement à libérer les entités occupées par ces assaillants.
« Cela est un rappel au gouvernement congolais, non seulement de s’assurer qu’aucune autre entité congolaise ne soit occupée par les rebelles, car cela reviendrait à faire endurer cette terreur à d’autres citoyens. Deuxièmement, cela est un rappel à libérer toutes les entités occupées, car Goma, Kiwanja, Bunagana… font partie du Congo, et les citoyens qui y vivent ne doivent pas être condamnés à y vivre sous cette terreur permanente. Il faut donc agir très vite afin de libérer ces entités, pour que les gens retrouvent leur liberté », a argué Stewart Muhindo.
Le gouvernement a noté, lors du dernier conseil des ministres, des violations graves des droits de l’homme commises par les rebelles à Goma. Au-delà des enlèvements, plusieurs civils ont été tués sommairement lors de leur entrée en ville de Goma. L’on enregistre plus de 2 000 corps encore non enterrés, en dehors des fosses communes découvertes dans la ville.
Azararias Mokonzi
Author(s): tazamardc.net
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