Le mouvement citoyen des activistes pro-climat, dénommé « Extinction Rébellion » (XR Beni), a organisé ce mercredi 22 Janvier 2025 une tribune d’expression populaire sur une campagne baptisée « Notre terre sans le pétrole ». Cette activité a été organisée dans l’objectif de s’opposer l’accord récemment ratifié par la RDC, qui accorde l’autorisation à l’Ouganda d’exploiter le pétrole dans le Lac Albert.
Les militants de ce mouvement citoyen ont sillonné la ville de Beni ce mercredi, pour appeler la population à désapprouver cette démarche. Selon eux, l’exploitation des hydrocarbures, des gisements frontaliers entre la RDC et l’Ouganda, constitue une manace directe pour le climat, l’environnement, et les communautés locales notamment celles vivant aux abords des lacs Albert et Édouard.
« Cette vision entre en totale contradiction avec le slogan du Président qui présente la RDC comme un pays solution à la crise climatique. Au contraire, ce texte révèle que la RDC pourrait aggraver le changement climatique tout en augmentant les risques de pollution pour
l’environnement des communautés locales, comme ce qui se passe déjà pour les communautés au
niveau des zones d’exploitation à Moanda dans la province du Kongo-Central », dit cette organisation.
Extinction Rébellion pense en outre que ce projet met en péril non seulement les communautés riveraines des lacs Albert et Édouard, mais aussi celles vivant tout du long du bassin du Nil. D’après l’organisation, « la situation est particulièrement alarmante pour le lac Édouard qui fait partie intégrante du Parc national des Virunga – inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO -, une zone protégée reconnue pour sa vulnérabilité et sa biodiversité unique ».
Pour le mouvement, exploiter cette zone mettrait en péril l’écosystème du parc, déjà menacé par la présence de groupes armés. Le mouvement rajoute que des alertes récurrentes concernant des déversements de pétrole sur les rives ougandaises du lac Albert soulignent les risques environnementaux déjà présents.
Il estime en outre que ce nouvel accord pourrait intensifier l’exploitation dans cette zone densément peuplée, ce qui pourrait aggraver ces pollutions et toucher gravement les communautés locales, notamment les pêcheurs, agriculteurs et éleveurs qui dépendent
directement de ces écosystèmes fragiles.
Des craintes sur la sécurité
Dans ce même registre, cette organisation soulève des risques que présente cet accord contre l’intégrité territoriale de la RDC. Elle dit craindre que l’occasion se présente pour l’Ouganda de modifier intentionnellement la ligne frontalière avec la RDC, ce qui risque de susciter de nouvelles crises sécuritaires opposant les deux pays.
« La loi votée 34 ans après l’accord de 1990 exprime une forte méfiance envers l’Ouganda. Le paragraphe 9 met en garde contre la possibilité pour l’Ouganda de pomper ou s’approprier les réserves communes en modifiant intentionnellement la ligne frontalière. Cette clause met en évidence les tensions et suspicions persistantes, soulignant que seule une renonciation définitive à l’exploitation des
hydrocarbures dans cette zone permettrait d’atténuer des convoitises et rivalités entre voisins, ainsi
que d’assurer la stabilité de la région », souligne XR.
Toujours dans cette même logique, cet accord renforce aussi le projet controversé EACOP (East African Crude Oil Pipeline) et ses projets d’exploitation de pétrole associés. « Les blocs pétroliers dans l’Est du Congo étant sur des territoires enclavés, leur exploitation de façon rentable implique la possibilité de transporter ce pétrole via l’EACOP. Les gouvernements congolais et ougandais ont d’ailleurs déjà fait des déclarations dans ce sens. Ce méga projet pétrolier, qui prévoit le transport de brut entre l’Ouganda et la Tanzanie, provoque le déplacement de plus de 100 000 personnes et menace directement le lac Victoria – dont dépendent
plus de 40 millions de personnes – ainsi que le parc naturel des Murchison Falls. Rejeté par plus d’une trentaine de grandes banques internationales et condamné officiellement par le Parlement européen pour ses violations des droits humains et de l’environnement, ce projet fait aussi face à de multiples contentieux juridiques, tant au niveau international que national.
Un précédent montrant que ces accords sont au mieux inefficaces », lit-on dans la déclaration du mouvement citoyen.
Plutôt que de renforcer les tensions régionales et d’exacerber les défis climatiques, la priorité devrait être donnée à des solutions écologiques et
durables qui protègent les communautés locales et la biodiversité, conseille cette organisation qui lutte pour la protection de l’environnement.
Azarias Mokonzi
Author(s): mines.cd
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