Guerre du M23 : Entre pillage des ressources naturelles et asphyxie de la ville de Goma

La guerre menée par le Rwanda dans l’Est de la République Démocratique du Congo prend de plus en plus une autre allure, et réaffirme au fur et à mesure toutes les notes reprises par les experts des Nations Unies dans leurs différents rapports. D’une guerre d’agression à une guerre économique, le Rwanda semble ne plus avoir des moyens pour camoufler ses malheureuses magouilles, qui ont poussé des millions de citoyens à fuir leurs milieux naturels, de nombreuses vies ayant également été fauchées.

Après huit mois de contrôle de la cité de Ngungu, les rebelles du M23 s’étaient vus délogés de cette entité stratégique du territoire de Masisi par l’armée congolaise appuyée par les jeunes volontaires pour la défense de la patrie appelés Wazalendo et quelques unités de l’armée burundaise qui interviennent en RDC dans le cadre des relations bilatérales entre les deux pays.

Cette reprise de Ngungu, intervenue après celles des villages de Kamatale, Luizi, Ruzirantaka, Kabingo et Kasake, n’aura duré que dix jours, mettant un doute sur les espoirs de progression de ces forces combattantes pour la RDC, qui pourtant s’apprêtaient à lancer des attaques sur la cité minière de Rubaya que l’armée rwandaise sauvegarde à tout prix.

Par la reconquête de Ngungu, la coalition RDF-M23 réussira par la suite à percer le mur de la résistance jusqu’à franchir les limites de la province voisine du Sud-Kivu.

Ngungu, le malheur de Lumbishi

La chute de la cité de Ngungu a affecté négativement le moral des militaires engagés sur les lignes de front, jusqu’à permettre la progression des RDF et M23 à Kasake, jusque dans la localité de Lumbishi dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu. « Nous avons été surpris de voir l’ennemi s’approcher si vite de Lumbishi alors que nous pensions que la menace était encore très loin de notre village. Nous n’arrivons pas à comprendre comment les rebelles se sont retrouvés ici, pourtant les FARDC, les Wazalendo et les militaires burundais sont encore vers Kamatale, Kabingo, Ruzirantaka », s’est confié à Tazama Horizon Maisha Nzabarinda, habitant de Lumbishi en fuite.

La théorie entonnoir pour asphyxier Goma et étendre le pillage des minerais

Cette progression vertigineuse de l’armée rwandaise et des rebelles du M23 aurait pour but non seulement d’asphyxier davantage la ville de Goma, déjà encerclée de Kibumba jusqu’à Sake, mais aussi de pousser Kinshasa à négocier directement avec les « terroristes du M23 », une condition que Kinshasa a toujours rejetée.

Devant les ambassadeurs et les représentants des organismes internationaux, Félix-Antoine Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo, a dernièrement réitéré sa position claire de ne jamais envisager de dialoguer directement avec le M23. Il a précisé qu’il ne comptait point céder à une quelconque pression internationale pour dialoguer avec un groupe qu’il qualifie de « terroriste« .

La progression de l’armée rwandaise dans le territoire de Kalehe, en province du Sud-Kivu, est une aubaine pour le Rwanda et son allié pour étendre leur zone de pillage des ressources naturelles, estime Mupenzi Mvuyekure, notable de Kalehe.

Les villages de Lumbishi et Shanje, occupés par les rebelles depuis le week-end dernier, sont riches en matières premières telles que la tourmaline, le coltan, la cassitérite, l’or et plusieurs autres.

Des sources crédibles affirment que les rebelles du M23 auraient l’intention de poursuivre la conquête d’autres villages de la province du Sud-Kivu, à l’occurrence Nyabibwe et Numbi, dont le sous-sol regorge des ressources comme l’or, le coltan, le manganèse, la cassitérite et la tourmaline.

Pour y arriver, le M23 et l’armée rwandaise ont simultanément lancé des attaques ce lundi 20 janvier contre les positions des FARDC sur tous les axes pouvant les mener vers la cité de Minova, l’unique voie d’approvisionnement en vivres de la ville de Goma qui restait sous contrôle de l’armée congolaise. Des mouvements de population y sont observés depuis les premières heures de la journée, et ce, malgré les assurances des autorités militaires congolaises.

Cette progression du M23, appuyé par le Rwanda, inquiète les populations riveraines du lac Kivu, qui appellent le gouvernement congolais à redoubler d’efforts pour définitivement mettre fin à ces conflits.

Dans un tweet officiel, le ministre rwandais des Affaires Etrangères a réagi à la position du président Tshisekedi de ne pas dialoguer directement avec le M23, tout en restant ouvert à poursuivre le processus de Luanda. Olivier Ndungirehe écrit : « Et pourtant, le processus de Luanda ne pourra jamais reprendre et aboutir sans un engagement ferme de la République démocratique du Congo à dialoguer directement avec l’AFC-M23».

Anicet Kimonyo

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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