Nord-Kivu: situation humanitaire alarmante à Lubero, la population dénonce des pillages par les hommes armés

La situation sécuritaire à Lubero, au Nord-Kivu, s’est considérablement détériorée ces derniers jours, marquée par des accusations de pillage et des affrontements violents entre les forces armées congolaises (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise (RDF).

Ce lundi 23 décembre 2024, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont accusé les rebelles du M23-RDF de piller les produits agricoles et le bétail des habitants du village d’Alimbongo. Selon le lieutenant-colonel Mak Hazukay, porte-parole de l’armée dans la région, ces actes de violence sont le résultat de la présence des rebelles dans la zone, qui ont pris le contrôle d’Alimbongo depuis le 16 décembre.

« Contrairement aux rumeurs sur les réseaux sociaux, les FARDC ne sont pas à Alimbongo. Ce sont les agresseurs qui pillent les fermes et les champs abandonnés par de paisibles citoyens », a-t-il déclaré.

Les témoignages de la population locale font état de pillages systématiques, créant un climat de peur et d’insécurité. Des messages de détresse circulent sur les réseaux sociaux, déplorant la perte de biens essentiels pour la survie des familles touchées par cette violence. D’autres habitants ont par ailleurs, accusé certains éléments incontrôlés de l’armée de cette mettre dans cette danse de pillage après la prise d’Alimbongo par l’ennemi. Ce témoigne illustre aussi des cas des délinquance dans le rang des troupes, qui échappent quelques fois au contrôle de leurs commandants.

Une situation humanitaire alarmante

La Première ministre Judith Suminwa Tuluka a également exprimé ses vives préoccupations lors du dernier conseil des ministres, soulignant une situation humanitaire de plus en plus alarmante à Lubero. L’intensification des combats a entraîné un afflux massif de personnes déplacées, notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées, fuyant les villages de Kaseghe, Alimbongo, Ndoluma et Kitshombiro.

« Ces déplacés ont quitté leurs foyers en hâte sans emporter d’effets personnels et manquent cruellement de tout. Ils ont besoin d’une assistance urgente », a-t-elle déclaré. Bien que certains aient trouvé refuge chez des familles d’accueil, la majorité se retrouve dans des conditions précaires, abrités dans des églises, des hangars, des marchés et des écoles.

La Première ministre a également souligné que les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles, avec un accès limité aux soins de santé. Les infrastructures sanitaires locales sont saturées, et les besoins alimentaires restent insatisfaits, aggravés par une pénurie d’eau potable.

Face à cette crise, Judith Suminwa a donné des instructions aux membres du gouvernement pour intégrer cette situation dans le plan d’urgence et renforcer les capacités d’intervention des structures d’alerte et de réponse aux catastrophes naturelles, notamment la caisse de solidarité nationale et de gestion humanitaire des catastrophes.

La société civile de Kitsombiro parle aussi d’une situation humanitaire alarmante. Monsieur Kasonia son président indique que depuis le 1er décembre, ce village qui a servi de refuge pour bon nombre de déplacés, s’est ensuite vidé de ces derniers ainsi que de leurs familles d’accueil.

« Il y a eu trop de détonation en arme lourde et celà a créé une Psychose dans le chef de la population. Par conséquent, il n’y a plus de population à Mambasa, Kanyambi, Ndoluma, c’est seulement à Kitsombiro et Lubango où certains habitants commencent à revenir sous des conditions difficiles de la vie. Par exemple le samedi, personne ne pouvait vaquer à ses occupations champêtres pourtant principale activité et source des vivres », a-t-il dit dans un entretien.

Face aux mouvements de populations, l’autorité territoriale lance un appel aux familles d’accueil de demeurer hospitalières et solidaires vis à vis des déplacés pendant cette période difficile.

Le colonel Kiwewa Mitela Alain a indiqué dans sa récente sortie médiatique que des démarches sont remontées au gouvernement central et ses partenaires humanitaires dans le cadre de solliciter une aide en faveur de déplacés.

« Je demande à toute la population de Lubero d’accueillir tous les déplacés sans discrimination. Je sais que nombreux parmis ces déplacés n’ont où abriter, c’est pourquoi je demande aux familles d’accueil de les recevoir en dépit de la situation difficile que nous traversons. Et si vous avez un pain pour deux personnes, soyez aussi animés de générosité pour un partage sur un bon nombre de personnes selon la taille des ménages d’accueil et déplacés. Je suis entrain de faire un plaidoyer auprès du gouvernement et auprès de nos partenaires pour tenter de décrocher une assistance humanitaire », a-t-il fait savoir.

Pascal Nduyiri et David Mayani

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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