Opposée à un conflit sanglant avec son voisin Rwanda depuis plusieurs années, la République démocratique du Congo veut voir la sincérité de ses partenaires. L’administration Tshisekedi pense que « le temps des discours est révolu. Des actions concrètes s’imposent ».
Dans une lettre datée du 17 décembre 2024, adressée au Conseil de sécurité de l’ONU, la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba, a exigé des sanctions contre le M23 et son allié Kigali. Dans cette même logique, la patronne de la diplomatie congolaise a exigé l’engagement de ses partenaires dans ce conflit qui l’oppose au Rwanda.
« Aujourd’hui la RDC, a besoin de ses partenaires, alliés et amis pour démontrer leur engagement à travers des actions concrètes et non seulement des paroles. Nous avons entendu vos paroles et compassions, nous avons vu vos visites dans des camps des déplacés et nous avons lu vos messages de réconfort qui nous sont adressés, ici même à Kinshasa, mais la compassion seule ne suffira pas ».
Ce message insinue le bout de souffle de la diplomatie congolaise dans cette crise sécuritaire. Cependant face à cet échec patent des efforts diplomatiques pour mettre fin à l’agression du M23, l’opposant Fabrice Saambili du parti Ensemble pour la République pense que la RDC doit changer de stratégie. Dans un entretien avec Tazamardc.net, ce dernier a encouragé le gouvernement congolais à engager l’option militaire efficace sur terrain.
« Les multiples initiatives diplomatiques, notamment le processus de Luanda, n’ont abouti qu’à des promesses non tenues et à une aggravation de la situation sur le terrain. Le langage diplomatique a montré ses limites face à un adversaire qui ne respecte ni les accords, ni les appels à la paix », a-t-il déclaré en appelant l’État congolais à abandonner définitivement ce processus qui n’offre aucune garantie de résolution durable.
L’option militaire, une urgence
L’opposant poursuit que dans ce contexte, l’option militaire apparaît comme la seule voie crédible pour défendre l’intégrité territoriale et rétablir la souveraineté nationale. Fabrice Saambili insiste sur la nécessité d’un renforcement immédiat des capacités opérationnelles des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).
« Il est impératif de mobiliser des ressources humaines, matérielles et financières conséquentes pour permettre à nos forces armées de mener une offensive décisive contre le M23 », affirme-t-il.
Il propose également une meilleure coordination avec les groupes de défense locaux et une intensification des campagnes de sensibilisation auprès de la population pour soutenir l’effort de guerre. « Les discours doivent céder la place aux actions. Il est temps de montrer notre détermination à vaincre par les armes, sans laisser d’espace pour des négociations qui affaiblissent notre position », ajoute-t-il, en conseillant au gouvernement congolais de ne pas uniquement compter sur des médiations internationales souvent biaisées. « Nous devons prendre notre destin en main. C’est par une victoire militaire claire et sans équivoque que nous mettrons fin à cette guerre », conclut-il.
Cette idée est partagée par l’activiste pro-democratie, Muhindo Stewart qui précise que la mauvaise foi des autorités Rwandaises tire profit dans cette crise.
« L’échec du processus de Luanda était prévisible. La mauvaise foi des autorités Rwandaises qui tirent profit de la crise sécuritaire dans notre pays est connue.
Je pense que la solution idéale pour vaincre cette guerre c’est l’option militaire. Il faut réorganiser l’armée, bien l’équiper pour mener des opérations militaires de grande envergure sur tous les fronts », a-t-il dit.
Muhozi et ses délires, la RDC piquée
D’aucuns encouragent la position du gouvernement congolais après des déclarations du général Muhozi qui a traité le chef de l’État congolais sans déférence en menaçant de faire une intervention militaire sur le territoire congolais pour traquer des mercenaires blancs qui opèrent au côté de la RDC. La Ministre d’État, ministre des affaires Étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner a convoqué mercredi soir M Matata Twaha Magara, Chargé d’affaires a.i. de l’Ouganda en RDC, pour obtenir des explications sur les propos récents du patron de l’armée ougandaise. Un analyste politique précise que cette initiative diplomatique est une démarche à saluer, car elle montre la volonté ferme de Kinshasa de protéger sa souveraineté et d’exiger des relations transparentes avec ses voisins.
« Le gouvernement congolais a raison de ne pas laisser de telles déclarations ambiguës sans réponse. En convoquant un diplomate ougandais, il rappelle qu’aucune ingérence ou discours déplacé ne sera toléré », affirme-t-il.
La Ministre d’État a demandé des clarifications officielles de la part des autorités ougandaises, non seulement sur les propos du général Muhoozi, mais aussi sur l’état des relations entre les deux pays. Cette démarche est, selon cet analyste un signal fort : « La RDC affirme qu’elle ne restera plus silencieuse face à des attitudes pouvant compromettre sa souveraineté ou la stabilité régionale ».
Dans un contexte régional marqué par des tensions sécuritaires et des défis transfrontaliers, cette prise de position traduit une diplomatie proactive de la part de Kinshasa. « C’est une étape cruciale pour réaffirmer que la coopération entre États voisins doit être basée sur le respect mutuel et une communication claire ».
Alors que les attentes sont grandes quant à une réponse officielle de Kampala, un autre observateur insiste sur l’importance pour la RDC de maintenir cette fermeté dans la défense de ses intérêts nationaux .
« Le gouvernement Tshisekedi envoie un message clair : toute collaboration doit être fondée sur la franchise, loin de tout discours équivoque ou hostilité voilée ».
Azarias Mokonzi
Author(s): tazamardc.net
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