Nord-Kivu: Des opérations militaires exigées à Bapere pour déloger les ADF qui y exploitent de l’or

La Nouvelle Société Civile du secteur de Bapere, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), tire la sonnette d’alarme sur une exploitation illicite de l’or attribuée aux rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF), avec la participation contrainte des populations locales. Ces groupes armés, connus pour leurs exactions, auraient instauré un système de production aurifère sous leur contrôle, renforçant ainsi leur ancrage territorial dans cette zone riche en minerais.

Selon cette structure citoyenne, les ADF auraient abandonné leur stratégie de violence itinérante pour adopter une politique d’occupation durable, particulièrement dans les groupements de Batike et Bapaitumba, situés dans le secteur de Bapere. Les rebelles y contraindraient les habitants à regagner leurs localités en échange de la promesse d’une non-agression, à condition de se livrer à l’extraction de l’or à leur profit.

D’après les informations recueillies, les rebelles fixeraient eux-mêmes le prix du gramme d’or à 45 dollars américains, s’arrogeant ainsi le monopole de la commercialisation locale du métal précieux.

Le colonel Alain Kiwewa Mitela, administrateur militaire du territoire de Lubero, confirme ce changement de stratégie des ADF. « Ces rebelles ne se contentent plus d’attaques éclaires suivies de retraites. Désormais, ils s’installent durablement dans les villages qu’ils ciblent, organisent des réunions avec la population et imposent une collaboration sous menace », a-t-il déclaré à la presse.

Selon lui, ce nouveau mode opératoire vise à consolider leur pouvoir de nuisance et à se doter de ressources économiques substantielles pour financer leur lutte armée. Il met en garde les habitants contre toute forme de coopération avec les assaillants : « Celui qui sera trouvé en cohabitation avec les ADF sera considéré comme membre de ce groupe».

La localité de Mangurijipa, située à la frontière entre les territoires de Beni et Lubero, est identifiée comme un point névralgique de cette activité illicite. Les ADF y organiseraient régulièrement des réunions publiques pour promouvoir une cohabitation avec la population et asseoir leur autorité de fait.

Toujours selon l’administrateur territorial, ces rebelles ne se contenteraient pas d’acheter l’or : ils participeraient directement à son extraction. « Une tige qui se négociait à 2 500 francs congolais se vend aujourd’hui à 4 000 francs, sous leur contrôle total », a-t-il précisé.

Joint par tazamardc.net ce lundi 14 avril, Samuel Kagheni, président de la Nouvelle Société Civile de Bapere, exprime de vives inquiétudes quant à l’avenir des populations locales : « Ce sont des minerais de sang. Il est impératif que le ministère des Mines déclare ces zones comme zones rouges afin de dissuader toute exploitation et de freiner l’économie de guerre des ADF».

Il en appelle également au renforcement des mécanismes de traçabilité des minerais en provenance du territoire de Lubero, déjà fortement impacté par l’insécurité et la désintégration de l’économie locale. Plusieurs coopératives minières, légalement constituées, ont été contraintes de fermer leurs portes, paralysées par la menace permanente et la perte de contrôle des sites.

Face à cette situation critique, la société civile plaide pour une intervention rapide et coordonnée des forces armées congolaises (FARDC) et ougandaises (UPDF), appelées à mener des opérations ciblées pour démanteler les bastions rebelles et libérer les civils pris au piège.

Eugène Vomba

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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