Dans un contexte de recomposition politique marqué par les consultations initiées par le président Félix Tshisekedi en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) a pris position. Par la voix de son président national, Jean-Claude Katende, l’organisation a apporté une clarification face aux rumeurs suggérant une participation à ces assises.
L’initiative du chef de l’État suscite des réactions contrastées. Tandis que plusieurs formations de l’opposition ont opté pour le boycott, dénonçant une manœuvre visant à légitimer un gouvernement sans véritable consensus, d’autres acteurs, notamment des leaders religieux et des organisations de la société civile, voient en ces consultations une opportunité de dialoguer pour renforcer la cohésion nationale.
C’est dans ce contexte que l’Asadho a jugé nécessaire de mettre fin à certaines spéculations. « Ceux qui propagent l’idée selon laquelle l’Asadho aurait été reçue aux consultations sont dans l’erreur. Nous n’avons reçu ni invitation ni message nous conviant à ces échanges. Si nous étions sollicités, nous y participerions pour exprimer nos positions sur la gouvernance et les attentes envers le futur gouvernement », a précisé Jean-Claude Katende dans un communiqué officiel.
Le président de l’ASADHO a également insisté sur la nécessité d’un dialogue inclusif et transparent : « Nous estimons que toutes les forces vives de la nation doivent être entendues dans ce processus. Un gouvernement d’union nationale ne peut être efficace que s’il repose sur une véritable concertation, et non sur une démarche de façade destinée à légitimer des décisions déjà prises en amont. »
Au huitième jour des consultations, plusieurs figures influentes de la sphère religieuse ont pris part aux discussions, témoignant de la volonté du pouvoir d’impliquer une pluralité d’interlocuteurs. Parmi eux, le pasteur Dodo Kamba, président de la Communauté Unie du Réveil (CUR), et le cheikh Ali Mwinyi, représentant de la Communauté musulmane au Congo (Comuco). Leur participation souligne l’enjeu de la mobilisation interconfessionnelle dans ce processus de concertation nationale.
Au-delà de la formation d’un gouvernement élargi, ces consultations s’inscrivent dans un contexte marqué par des défis sécuritaires persistants, notamment l’agression attribuée au Rwanda dans l’Est de la République démocratique du Congo. Le président Tshisekedi cherche ainsi à fédérer les forces vives de la nation autour d’une réponse politique cohérente et concertée.
Jean-Claude Katende, dans un ton plus critique, a rappelé que l’efficacité d’un gouvernement ne dépend pas uniquement de sa composition, mais surtout de sa capacité à répondre aux attentes des citoyens : « Nous attendons des autorités qu’elles prennent des décisions courageuses pour améliorer les conditions de vie des Congolais. Ce gouvernement, quel qu’il soit, doit être porteur d’un véritable changement et non d’un simple partage du pouvoir entre alliés politiques. »
Toutefois, la réussite de cette démarche repose sur sa capacité à convaincre les acteurs politiques et sociaux de sa sincérité et de son utilité. Si elle venait à être perçue comme une simple formalité destinée à renforcer l’assise du pouvoir en place, elle risquerait d’accentuer davantage les clivages politiques.
L’adhésion ou le rejet de ces consultations par les différentes parties prenantes conditionnera la suite des événements. L’Asadho, en adoptant une posture d’ouverture critique, pourrait inspirer d’autres organisations de la société civile à s’engager dans un dialogue structuré.
Seul l’avenir dira si cette initiative présidentielle permettra d’instaurer une dynamique politique apaisée ou si elle restera un exercice de pure forme. La réponse dépendra des concessions que chaque camp acceptera de faire pour parvenir à une véritable union nationale.
Eugène Vomba
Author(s): tazamardc.net
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