Mbuji-Mayi, 3 avril 2025 (ACP).- « Le phénomène enfants de la rue est à encadrer et non à éradiquer, a fait savoir un sociologue jeudi à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, dans le centre de la République démocratique du Congo.
«Dès que le phénomène enfants de la rue apparait, c’est qu’il y a un problème dans la société ; c’est une soupape qui nous montre qu’il y a vraiment un problème. Au lieu de condamner le phénomène enfants de la rue, il faut chercher comment l’encadrer et le résoudre au moyen de l’écoute et des aspirations des concernés afin de les aider à mieux s’identifier et réintégrer la société et non chercher à l’éradiquer», a déclaré Valérie Kabiena Kuluila, sociologue professeur à l’Université officielle de Mbuji-Mayi.
«Il y a des enfants qu’on a exclus, ceux-là il faudrait ramener la famille à la raison pour les réintégrer. Mais de toute façon, c’est le gouvernement qui est responsable de nos familles et de nos populations. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités afin de gérer les familles parce que quand la famille ne se gère plus, le phénomène enfant de la rue surgit», a-t-il ajouté.
Le professeur a proposé quelques pistes de solutions pour, non pas éradiquer ce phénomène, mais plutôt l’encadrer, selon les aspirations personnelles de chacun dans le but de les rendre utiles à la société.
Le professeur Kabiena a évoqué une autre catégorie d’enfants abandonnés, mais vivant sous le toit parental que la sociologie appelle enfants en intégration familiale problématique, dont les parents passent beaucoup de temps en dehors.
«Un autre paradoxe est que tout le monde croit que les enfants de la rue sont ceux qui sont dans la rue, c’est pourquoi en sociologie nous parlons des enfants abandonnés ou des enfants en intégration familiale problématique. Il y en a même dans nos maisons, les enfants qui ne voient leurs parents qu’une fois après une journée ; les enfants dont les parents passent tout le temps à l’église ou au marché, ils sont abandonnés tout en restant en famille. C’est d’ailleurs parmi eux qu’on trouve le cas de grossesses entre cousin et cousine. Mais personne n’en parle et pourtant, ils sont déjà abandonnés et c’est d’ailleurs parmi eux qu’il y a beaucoup de cas de maladie, de cas de consanguinité, un scandale, mais l’important est de comprendre le problème et de le résoudre comme tel», a conclu le sociologue. ACP/JF
Author(s): acp.cd
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