2025-03-25
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Les transporteurs locaux ont désormais droit à 50 % des marchandises, que ce soit à l’importation ou à l’exportation. La décision prise par arrêté du ministère des Transports et Voies de communication et rendue publique à la fin du mois de février, a pour but d’inverser la tendance du secteur dominé par les étrangers, où les nationaux représentent 3 % du marché. Il y a une semaine, une délégation du ministère a effectué une mission de vulgarisation à Lubumbashi et à Kolwezi.
Une industrie dominée par les sociétés étrangères
À Kasumbalesa, ville frontalière avec la Zambie, les habitants sont habitués à ce spectacle. Sur la seule artère bitumée, la Route nationale n°1, l’on observe quotidiennement une longue file de camions, appelés trucks. Que ce soit du côté congolais ou zambien, au moins 300 camions traversent la frontière chaque jour. À l’exportation, la charge est constituée de minerais, tandis qu’à l’importation, il s’agit de produits divers.
On pourrait croire que l’industrie du transport se porte bien sur le corridor Sud, qui relie Kolwezi à la Zambie. Pourtant, selon la Fédération des entreprises du Congo (Fec), ce secteur dans la région du Katanga est détenu à 97 % par des sociétés étrangères.
Les transporteurs congolais, moins compétitifs, ne représentent que 3 % du marché. Depuis 2021, plusieurs sociétés de transport locales ont fermé leurs portes. D’autres ont tout simplement transféré leurs flottes en Zambie, où elles ont obtenu une immatriculation.
L’une des principales raisons de cette situation est le poids des charges fiscales, explique un transporteur congolais sous anonymat :
« L’une des raisons est le coût élevé imposé aux transporteurs routiers congolais. Par exemple, en Zambie, nous payons 1 000 USD de coûts supplémentaires par rapport aux autres transporteurs. Ainsi, nous ne sommes plus compétitifs ».
Une autre difficulté est liée au retard dans la liquidation des factures :
« Nos clients paient les factures 40 à 45 jours après la réception des marchandises. Or, un trajet de camion-remorque de 34 tonnes entre Kolwezi et l’Afrique du Sud coûte 10 000 USD. C’est compliqué ».
Le principe de réciprocité
Ici, les frais de péage routier sur le tronçon Kasumbalesa-Kolwezi sont fixés à 900 USD. Pourtant, dans les pays de la SADC, ces frais sont bien inférieurs : en moyenne 10 USD pour 100 km parcourus. Si ce principe était appliqué en RDC, le péage sur cette route longue d’environ 410 km coûterait moins de 50 USD.
En réponse, la Zambie applique depuis 2021 le principe de réciprocité : seuls les transporteurs congolais doivent payer 1 000 USD de frais de transit sur le sol zambien.
Un autre problème réside dans la concurrence, explique Philippe Seneve, président du comité des transporteurs congolais à la FEC de Kolwezi :
« Aujourd’hui, sur le corridor Sud, qui relie Kolwezi à la Zambie, les transporteurs congolais ne représentent que 3 %, voire moins. Les sociétés minières installées au Congo ont joué un rôle majeur dans cette situation. Elles possèdent leurs propres sociétés de transport en Zambie, en Namibie, en Afrique du Sud et en Tanzanie ».
Une mesure pour renforcer les transporteurs locaux
Malgré ces difficultés, le comité des transporteurs au sein de la Fec dans la région du Katanga s’est résolu à redynamiser ce secteur. À sa demande, le gouvernement a signé en février un arrêté accordant un droit préférentiel aux transporteurs locaux.
Jean Marie Abolia, secrétaire général au ministère des Transports, explique :
« Pour le gouvernement central, cet arrêté, qui accorde aux transporteurs locaux 50 % des marchandises en application du principe de réciprocité, va sans nul doute accroître le nombre de transporteurs et de travailleurs locaux. Ensuite, il aura un impact positif sur l’assiette fiscale, tant au niveau national que provincial ».
Pour la Fec, cette décision est salutaire. Elle devrait permettre la création de 4 000 emplois dans la région du Katanga. De plus, la moitié des fonds générés par le secteur des transports restera au pays. Ils sont estimés à un revenu mensuel de 23 millions USD.
Un espoir malgré les défis
Il reste cependant des défis à relever, notamment la capacité des Congolais à répondre à la demande des entreprises minières. Mais Ritha Ilunga, présidente du comité des transporteurs au sein de la Fec Haut-Katanga, reste optimiste :
« Nous devons les accompagner afin d’atteindre une flotte d’au moins 3 500 camions. Avec un chargement journalier de 110 camions, cela représente effectivement 50 % des exportations ».
D’après la Fec, un comité de suivi de l’application de la décision gouvernementale sera mis en place. De leur côté, les transporteurs locaux attendent du gouvernement congolais une réduction du coût du péage routier, voire une exonération totale. Cela pourrait encourager certaines sociétés congolaises de transport installées dans les pays voisins à revenir en RDC.
Author(s): mediacongo.net
Source: Access the article