Walikale : Quand la guerre détruit vies et espoirs

Les événements du 20 mars 2025, survenus dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu), soulignent une fois de plus la profonde instabilité qui secoue l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Après des affrontements violents, le territoire de Walikale est tombé sous le contrôle des éléments du M23. Si certains habitants commencent à regagner la ville, la situation sécuritaire reste précaire, marquée par des violences incessantes et des pillages systématiques qui exacerbent la souffrance de la population locale.

L’occupation rebelle de Walikale, intervenue le 19 mars après des combats violents, a contraint des milliers de civils à fuir dans l’urgence. Nombreux sont ceux qui ont cherché refuge dans les villes voisines, comme Hombo (Sud-Kivu) ou Mubi-Lubutu-Kisangani. D’autres, préférant risquer leur vie, se sont réfugiés près de l’hôpital général de Walikale, espérant y trouver une protection temporaire. Les plus vulnérables, incapables d’échapper aux combats, ont choisi de rester sur place, pris au piège d’une situation incertaine et menaçante.

Le retour progressif des civils s’effectue dans un climat d’incertitude et de méfiance, avec une attention particulière portée sur l’axe Walikale-Centre – Lubutu, où des affrontements sporadiques continuent de déstabiliser la région. La présence continue des forces armées congolaises et des combattants du M23 maintient une pression constante sur la population, déjà traumatisée par les violences.

Pillages à grande échelle : La population prise en étau

Parallèlement aux combats, des pillages systématiques alimentent la psychose parmi les civils. À Mubi, Ndjingala, Logu, Biruwe, Makana et Kangama, des hommes armés en tenue militaire ont dévasté les villages voisins, emportant le bétail, les marchandises, les biens personnels, ainsi que les ressources vitales, privant ainsi les populations locales de leurs moyens de subsistance. Ces violences ont des conséquences dévastatrices : la peur des nouveaux pillages pousse les familles à se réfugier loin des axes principaux, espérant protéger leurs biens et leurs proches dans une zone de plus en plus contrôlée par les groupes armés.

Cette escalade de la violence, couplée aux pillages, transforme la région en un véritable champ de ruines, où le retour à une vie normale semble de plus en plus lointain.

Des infrastructures vitales dévastées

L’hôpital général de Walikale, gravement endommagé lors des affrontements, a vu son accès aux soins considérablement restreint. De nombreux civils, blessés lors des combats, se retrouvent privés de soins médicaux dans un contexte déjà fragile. En outre, une base logistique d’une organisation non gouvernementale (ONG) a été pillée, aggravant la crise humanitaire en cours. Ces destructions viennent s’ajouter à une série de souffrances infligées aux civils, déjà pris dans le tourbillon de la violence.

Le repli stratégique des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et de leurs alliés, les miliciens Wazalendo, vers Mubi-Lubutu, constitue une réponse à la pression croissante exercée par les rebelles du M23, qui visent à étendre leur contrôle sur l’axe Masisi-Walikale. Cette offensive fait partie d’un objectif plus large du M23, qui a récemment conquis des villages clés comme Kashebere et Kibati, intensifiant ainsi son emprise sur la région.

Les équipes humanitaires, malgré leurs efforts, font face à d’immenses défis dans la prise en charge des populations vulnérables. L’identification des blessés, la récupération des corps des victimes et la prévention des épidémies sont devenues des priorités, mais les missions restent limitées par l’insécurité omniprésente. Les organisations humanitaires, contraintes de mener leurs opérations dans des conditions périlleuses, doivent naviguer avec une extrême prudence dans des zones où la violence est omniprésente.

Un cessez-le-feu sans effet concret

L’appel au cessez-le-feu lancé le 18 mars par les présidents Tshisekedi et Kagame à Doha, dans le but de trouver une solution pacifique au conflit, semble resté sans effet tangible sur le terrain. Malgré cette déclaration, les affrontements se poursuivent, exacerbant la souffrance des civils pris entre les feux croisés des belligérants. L’inaction internationale face à cette violence prolongée soulève des interrogations sur l’efficacité des efforts diplomatiques actuels.

La situation à Walikale, comme dans d’autres zones de l’est de la RDC, met en évidence la nécessité d’une réponse internationale plus forte et mieux coordonnée. La communauté internationale, les Nations Unies, les ONG humanitaires et les pays voisins doivent redoubler d’efforts pour protéger les populations vulnérables et rétablir un climat de sécurité. Un équilibre entre les actions militaires et diplomatiques est impératif pour parvenir à une paix durable.

La reconstruction des infrastructures essentielles, la réconciliation des communautés et le renforcement de l’autorité de l’État doivent être au cœur de la solution. Cependant, tant que la violence continuera de régner en maître, l’horizon restera incertain pour les millions de Congolais pris au piège de ce conflit inextricable.

Eugène Vomba

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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