Dans un contexte de lutte accrue contre la fraude minière au Nord-Kivu, le tribunal militaire garnison de Beni, siégeant en foraine à Kasindi, a rendu son verdict ce jeudi 20 mars 2025. Kakule Muyisa, alias Issa, un opérateur économique, a été condamné à deux ans de prison pour trafic illicite de minerais, blanchiment de capitaux et financement du terrorisme.
Une arrestation qui révèle un vaste réseau de fraude minière
Arrêté le 12 mars dernier à la frontière de Kasindi-Lubiriha, Kakule Muyisa tentait de franchir la frontière vers l’Ouganda avec deux lingots d’or sans aucun document légal et une somme de 60 000 dollars américains en espèces. Son procès, qui s’est déroulé sur quatre jours, a mis en lumière des connexions entre les trafiquants de minerais et les réseaux criminels opérant dans la région.
Selon le lieutenant-colonel Ndjike Kaiko Guillaume, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, cette condamnation s’inscrit dans la volonté des autorités de mettre fin à l’exploitation et à la commercialisation illégale des minerais.
Le M23 et la course aux ressources minières congolaises
Le procès intervient alors que la situation sécuritaire dans la province reste précaire. La prise récente de Walikale-Centre par les rebelles du M23 illustre, selon le lieutenant-colonel Ndjike Kaiko Guillaume, une stratégie motivée par la soif de minerais congolais.
« Les rebelles du M23 se sont précipités pour prendre le contrôle de Walikale-Centre uniquement par appât du gain. Leur objectif est de piller les minerais congolais et d’alimenter un réseau de contrebande », a-t-il soutenu.
Un trafic minier favorisé par la porosité des frontières
Le Nord-Kivu et l’Ituri, riches en or et autres minerais précieux, sont devenus des plaques tournantes du trafic illicite des ressources naturelles. Dans ces régions, où de nombreux groupes armés opèrent, l’exploitation illégale de l’or alimente les conflits et le financement des milices.
Selon des observateurs, une partie de l’or extrait illégalement dans le territoire de Lubero et d’autres zones sous l’emprise des groupes armés est acheminée vers l’Ouganda en toute impunité. Ce commerce illégal est orchestré avec la complicité de certains officiels civils et militaires, ce qui fragilise les efforts de régulation du secteur minier.
Face à cette situation, plusieurs acteurs plaident pour un renforcement des contrôles aux frontières, une lutte plus rigoureuse contre la fraude minière et des sanctions sévères contre les complices du trafic. L’État congolais est appelé à adopter des mesures draconiennes pour stopper cette hémorragie économique qui appauvrit le pays et alimente l’insécurité dans l’Est de la RDC.
Azarias Mokonzi
Author(s): mines.cd
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