Haut-Katanga : une taxe à la base de la hausse du prix des motos

Depuis plusieurs mois, les motocyclistes de Lubumbashi, Kasumbalesa et Likasi dans le Haut-Katanga, font face à une augmentation inquiétante du prix des motos. Alors qu’elles se vendaient autrefois à 1.050 ou 1.070 dollars américains, il faut désormais débourser entre 1.150 et 1.250 dollars pour en acquérir une.

Mais qu’est-ce qui explique cette hausse ? Entre accusations portées contre la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA), mise en cause de la Commission nationale des préventions routières (CNPR) et redevances obligatoires, la confusion règne. Explications avec le reporter de 7SUR7.CD dans cette enquête.

Le lundi 16 mars 2025, le reporter de 7SUR7.CD est arrivé à Kasumbalesa, cité frontalière du Haut-Katanga. Considérée comme l’un de principaux points d’entrée des motos importées en République Démocratique du Congo, au lieu de bénéficier d’un accès direct à ces engins à des prix compétitifs, cette contrée enregistre une flambée des coûts des motos.

Elysée Ndaye, motard à Kasumbalesa, s’étonne.

«Avant, on payait une moto à 1.100 $ voire 1.050 $. Mais aujourd’hui, ma moto neuve, je l’ai achetée à 1.250 $. Même les vendeurs ne nous donnent pas d’explications sur cette hausse. Pourtant, les motos passent par Lubumbashi avant d’être revendues ici, alors que c’est à la frontière qu’elles arrivent », a-t-il déclaré.

Même constat du côté de Tumba Tshienda Simplice, président des motards de Kasumbalesa rencontré au niveau du parking Douane.

« Avant, nous achetions les motos à 1.070 dollars. Aujourd’hui, elles coûtent 1.200, voire 1.150 dollars. Certains vendeurs disent que c’est à cause de la déclaration douanière qui aurait été majorée. En plus, une moto commence à nécessiter des réparations après six mois, ce qui complique davantage la rentabilité », a-t-il regretté.

Si les vendeurs restent silencieux, plusieurs d’entre eux qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat, évoquent une taxe spécifique appelée « Taxe CNPR », payée à l’importation de chaque moto.

La «Taxe CNPR », une redevance méconnue ?

Les importateurs accusent la DGDA d’imposer une taxe supplémentaire de 24 dollars par moto, en plus des droits de douane habituels. Pourtant, la DGDA réfute catégoriquement cette affirmation.

« Nous ne connaissons pas cette taxe. Nous percevons uniquement la TVA, les droits de consommation et les autres taxes légales. La CNPR est seule concernée par cette redevance », a expliqué un sous-directeur de la DGDA de Kasumbalesa au téléphone de 7SUR7.CD.

De son côté, Christophe Liya, chargé de la division technique à la CNPR du Haut-Katanga, explique que cette taxe est en réalité une redevance obligatoire servant à financer la signalisation routière et la régulation du trafic.

« Ce ne sont pas de taxes, mais des redevances pour les signes distinctifs et réflectifs que chaque véhicule doit porter. Ces fonds servent au marquage au sol, à la signalisation et à la prise en charge de nos agents », a-t-il expliqué.

Il précise que ce prélèvement, instauré par un arrêté de 2006 et renforcé en 2012 et 2017, est perçu à la douane en partenariat avec la DGDA.

Taxe abusive ou nécessité réglementaire ?

Les importateurs et vendeurs de motos ne sont pas convaincus par ces explications. Pour eux, cette redevance est une nouvelle charge qui alourdit les coûts, sans qu’ils en perçoivent les bénéfices concrets sur le terrain.

« Si cette taxe existe depuis 2017, pourquoi son impact se fait-il ressentir aujourd’hui ? Il faudrait qu’elle soit clairement définie dans un texte juridique précis. Sinon, c’est une double imposition abusive », dénonce un importateur qui rappelle que parmi les opérateurs économiques qui sont touchés par cette taxe, il y a des marques comme HAOUJUE, HERO et TVS alors que d’autres notamment YAMAHA, PRODIMPEX et UAX qui vendent non seulement des motos et d’autres articles, ne sont pas concernés par cette taxe de 24 dollars américains.

En attendant des éclaircissements des autorités, les conducteurs de motos subissent directement les effets de cette situation. L’augmentation du prix des engins réduit leur capacité d’investissement et de rentabilité.

Patient Lukusa, à Lubumbashi

Author(s): 7sur7.cd
Source: Access the article

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