La semaine du 17 mars s’annonce d’intense diplomatie et décisive pour la République Démocratique du Congo afin de rétablir la paix dans l’Est du pays. Au coeur de l’actualité, les regards restent tournés vers Luanda, où, sous la facilitation président Angolais, les délégations du gouvernement congolais et de l’AFC/M23 seront face à face pour discuter de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC.
De l’autre côté, l’Union Européenne va aussi se réunir ce lundi 17 pour examiner des sanctions après la levée du véto de Luxembourg qui s’était opposée aux sanctions contre le Rwanda le mois passé.
Des sources crédibles annoncent sans préciser les noms et nationalités que 9 personnes impliquées dans la crise actuelle en République Démocratique du Congo seront sanctionnées. La liste de ces personnes pourrait être connue ce lundi, à défaut ce mardi.
Ce dimanche, le président Félix Tshisekedi a reçu en audience l’envoyé spécial du président américain Donald Trump.
Avec le président Tshisekedi, Ronny Jackson, envoyé spécial des USA pour les Grands Lacs, a discuté de la situation sécuritaire dans la région, en particulier dans l’Est de la RDC, ainsi que du partenariat stratégique entre la RDC et les États-Unis d’Amérique.
« Nous voulons travailler pour que les entreprises américaines puissent venir investir et travailler en RDC. Et pour cela, nous devons nous rassurer qu’il y a un environnement de paix », a déclaré Ronny Jackson.
Peu avant cette rencontre, le président rwandais Paul Kagame, connu comme un homme discret et peu bavard, a, devant les populations réunies à l’Arena de Kigali dans le cadre de son rituel de rapprochement avec la population, consacré 85% de son temps à parler et répondre aux questions des populations rwandaises concernant la situation dans l’Est de la RDC, voisine de son pays. À cette occasion, Paul Kagame n’a pas manqué de dénoncer les pays européens qui lui font pression avec des sanctions, tentant ainsi de mettre en avant son narratif sur sa compréhension de la guerre dans le Kivu, tout en justifiant la position rwandaise.
« Notre histoire est complexe. Ceux que vous considérez comme partenaires donnent souvent d’une main tout en emportant de l’autre. Leur but est de vous garder sous leur contrôle, en empêchant tout progrès« , a-t-il déclaré. Ces mots cinglants de Kagame révèlent une profonde désillusion envers des alliés d’hier, aujourd’hui perçus comme des freins au développement souverain du Rwanda.
Alors que le président rwandais s’exprimait devant son peuple et que l’envoyé spécial américain était en entretien avec Félix Tshisekedi à Kinshasa, les chefs d’état-major de la Communauté des États d’Afrique de l’Est et de la SADC se réunissaient à Harare pour préparer la réunion des ministres des pays membres de l’EAC et SADC prévue ce lundi 17 mars. Cette réunion s’inscrit dans le cadre du sommet conjoint entre la SADC et l’EAC du 7 février à Dar es Salaam, qui avait abouti à plusieurs résolutions, dont un cessez-le-feu immédiat et sans condition, assorti également du retrait des troupes rwandaises du sol congolais.
Cette réunion précède aussi le début d’un dialogue direct entre le M23 et le gouvernement congolais, qui débute ce mardi 18 mars.
Cité par nos confrères d’actualité.cd, dans un article publié ce lundi 17 mars 2025, le professeur d’université et spécialiste des relations internationales, Muhindo Mughanda analyse la dynamique des négociations entre le gouvernement congolais et les éléments du M23 sous l’égide de la médiation angolaise. Il met en évidence les raisons ayant conduit Kinshasa à refuser initialement ces négociations, tout en reconnaissant la logique derrière l’exigence des rebelles pour un dialogue.
« Les négociations étaient initialement refusées par Kinshasa pour des raisons acceptables tout comme elles ont été exigées par les rebelles pour des raisons compréhensibles. Maintenant que Kinshasa prend acte de l’initiative de la médiation angolaise, il sera question, pour Kinshasa, de mettre ses perplexités sur la table et voir comment éviter que l’histoire se répète. Pour la partie rebelle, pour autant que leur demande initiale sera exhaussée, il sera temps de faire preuve de bonne foi en ne présentant plus les questions qu’elle est censée avoir résolu pendant le temps qu’elle a occupé certains territoires congolais: ils sont censés avoir pu installer les 400.000 réfugiés dans les territoires qu’ils occupent tout comme ils sont censés avoir diminué la nuisance des FDLR. Si ces préalables sont pris en compte, une discussion menant à la paix est possible« , laisse-t-il entendre.
En outre, ce dialogue est une étape décisive pour l’avenir de la République démocratique du Congo et Félix Tshisekedi personnellement, qui ne cesse de fustiger le système qu’il qualifie de prédation construit par le Rwanda, selon lui, à travers les différentes guerre qui finissent par les négociations et intégrations, un phénomène que d’aucun pense fragiliser à la fois l’armée congolaise et les institutions du pays, qualifiées d’infiltrées jusqu’ au sommet de l’Eat.
Les congolais attendent également Félix Tshisekedi au tournant sur ce qu’il va concéder si jamais les négociations aboutissaient jusqu’à la fin de ce processus paisiblement.
La rébellion du M23 et ses alliés ont annoncé à travers le porte parole Lawrence kanyuka que sa délégation sera composée de 5 personnes dont le chef pourrait être Bertrand Bisima un. Rebelle rompu qui maîtrise les contours du mouvement du M23 Mars pour avoir été présent depuis la première heure des conflicts dans la région.
Du côté gouvernement, des sources non confirmées par les officiels congolais annoncent que Jena Pierre Bemba pourrait être le chef de la délégation pour le compte de Kinshasa. Bemba parait un profil redoutable dans la négociation pour avoir fait la guerre et participer aux négociations de Sun city. C’est un profil qui est supposé avoir une parfaite connaissance en matière de La Défense et des enjeux de la guerre dans la région.
Pour créer un bon climat de négociation directe, le médiateur angolais João Lourenço a exigé un cessez-le-feu immédiat entre les deux protagonistes, un cessez-le-feu qui est entré en vigueur depuis minuit ce dimanche 16 mars 2025.
Anicet
Author(s): tazamardc.net
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