Alors que le début du dialogue incluant le gouvernement congolais à l’AFC-M23, est fixé ce mardi 18 Mars 2025 à Luanda, les acteurs politiques ne font pas l’unanimité. Dans une déclaration rendue publique ce lundi 17 Mars 2025, le docteur Denis Mukwege pense que ce conflit, caractérisé par sa forte dimension internationale, ne devrait pas se limiter au format actuel.
Le réparateur des femmes au Sud-Kivu, comme il est souvent appelé, soutient que « toute tentative de réduire le conflit en cours dans l’Est de la RDC à un conflit interne en optant pour les négociations directes du gouvernement congolais avec le M23 constituerait une erreur de diagnostic majeure ».
Mukwege apelle plutôt à l’organisation d’une conférence internationale pour la paix en RDC visant à galvaniser une volonté politique forte au niveau national, régional et international. Selon lui, l’absence d’une telle conférence, pourrait s’apparenter soit à une méconnaissance des réalités des dynamiques existantes sur le terrain, soit à une trahison de la patrie.
« Nous appelons à la tenue d’une Conférence internationale pour la paix en RDC, qui aurait pour objectif de revitaliser l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba et de créer une plateforme de haut niveau visant à faciliter un dialogue constructif et à la hauteur des défis actuels », a-t-il déclaré.
Cette Conférence permettrait, d’après Mukwege, « d’aboutir à une feuille de route concertée, définissant des actions concrètes aux niveaux national, régional et international. Elle offrirait également l’occasion de mobiliser les moyens nécessaires pour sortir de la crise actuelle et jeter les bases d’un projet de paix durable en RDC, dans le cadre du Pacte social pour la paix promue sous l’égide de la CENCO et de l’ECC ».
De plus, soutient-il, « les différents mécanismes de suivi de l’Accord-Cadre d’Addis Abeba mis en place pour garantir une mise en œuvre effective et de bonne foi des engagements de toutes les parties devront être revitalisés, avec le soutien des pays et des institutions partenaires de la RDC, notamment les co-garants de l’Accord-Cadre ».
L’ancien candidat à l’élection présidentielle de décembre 2023 réitère l’urgence des pressions internationales pour contraindre le Rwanda à respecter la Résolution 2773.
« Dans l’intervalle, les pressions internationales devront s’accentuer pour veiller à faire respecter les prescrits de la résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui exhorte les parties à un cessez le feu immédiat et inconditionnel et demande à la Force de défense rwandaise de cesser de soutenir le M23 et de se retirer immédiatement du territoire de la République démocratique du Congo, sans conditions préalables . Cette résolution est une avancée significative pour la paix en RDC et devrait jouir d’une préséance dans toutes tractations diplomatiques », a-t-il fait savoir.
Mukwege souligne que « Dialoguer sous la menace des armes reviendrait à institutionnaliser la loi du plus fort et à conférer une légitimité à l’agression et à l’occupation illégale ».
D’après lui, « une fois ce cadre international solidifié et les différentes échelles de responsabilités clarifiées à travers un Sommet International de haut niveau, des négociations directes pourraient alors être envisagées, incluant tous les groupes armés, y compris le M23, la société civile, les partis politiques, et le gouvernement congolais. Cette démarche s’inscrirait dans l’esprit des initiatives diplomatiques menées sous l’égide du Président angolais João Lourenço, dont nous saluons les efforts. Toutefois, pour garantir une paix durable, ces négociations devront s’insérer dans le cadre des principes fondamentaux de la charte de l’Union Africaine, garantissant la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC. Procéder autrement reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs, une démarche qui risque d’accélérer et de légitimer la balkanisation de la RDC ou le processus en cours d’annexion des Kivus ».
Dans cette optique, il invite les acteurs impliqués dans la crise et dans les tentatives d’y mettre fin d’éviter la répétition des erreurs du passé pour ne plus léguer aux générations futures des compromissions qui hypothéqueront une fois de plus à la Nation congolaise son droit à disposer d’elle-même et à vivre en paix.
Azarias Mokonzi
Author(s): tazamardc.net
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