Crise diplomatique : Kigali claque la porte à Bruxelles, dénonçant une « ingérence néocoloniale »

Le gouvernement rwandais a annoncé, ce lundi 17 mars 2025, la rupture immédiate de ses relations diplomatiques avec la Belgique, invoquant une ingérence persistante de Bruxelles dans ses affaires intérieures. Kigali accuse la Belgique de vouloir « maintenir ses illusions néocoloniales », marquant ainsi un tournant majeur dans les relations bilatérales entre les deux pays.

Via un communiqué officiel, le ministère rwandais des affaires étrangères a justifié cette rupture par une série de facteurs liés à l’attitude de la Belgique à l’égard du Rwanda.

« Le gouvernement de la République du Rwanda, après une réflexion approfondie sur plusieurs facteurs, a décidé de notifier le gouvernement du Royaume de Belgique de la rupture des relations diplomatiques avec effet immédiat », lâche le ministère.

Kigali affirme que cette décision répond à ce qu’il considère comme des ingérences répétées de la Belgique dans ses affaires intérieures.

« Cette décision a été prise en réponse aux tentatives persistantes de la Belgique de maintenir ses illusions néocoloniales, qui se manifestent par des ingérences répétées dans les affaires intérieures du Rwanda », dit le ministère, non sans regret.

Bien que le communiqué ne précise pas les éléments déclencheurs exacts, cette annonce intervient dans un contexte de tensions régionales, notamment en lien avec la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). La Belgique a récemment critiqué la politique rwandaise dans la région, appelant à une désescalade des tensions et à un retrait du soutien présumé de Kigali aux rebelles du M23.

Les relations entre le Rwanda et la Belgique ont toujours été complexes. Ancienne puissance coloniale du Rwanda sous mandat de la Société des Nations (SDN) puis des Nations Unies (ONU), la Belgique a joué un rôle central dans la structuration politique du pays avant son indépendance en 1962.

Depuis le génocide de 1994, Kigali a régulièrement accusé Bruxelles de ne pas assumer sa part de responsabilité dans l’histoire tragique du Rwanda et de continuer à vouloir influencer sa gouvernance sous couvert de coopération internationale. De son côté, la Belgique a souvent exprimé des préoccupations sur les droits humains et la gouvernance au Rwanda, ce que Kigali perçoit comme une attitude paternaliste et intrusive.

Cette rupture pourrait affecter plusieurs axes de coopération entre les deux pays :

L’aide au développement, domaine dans lequel la Belgique est un acteur clé pour plusieurs programmes au Rwanda.

Les relations économiques et commerciales, bien que limitées, pourraient souffrir de cette crise diplomatique.

La coopération sécuritaire et régionale, notamment sur les questions liées à la stabilité en Afrique centrale et à la lutte contre les groupes armés.

Pour l’heure, Bruxelles n’a pas officiellement réagi à cette annonce, mais cette décision de Kigali pourrait accentuer l’isolement diplomatique du Rwanda, alors que le pays est déjà sous pression en raison des conflits régionaux.

Il faut le dire, en rompant ses liens avec la Belgique, le Rwanda affiche sa volonté de s’affranchir totalement des influences occidentales et de redéfinir ses alliances internationales, dans un contexte de plus en plus polarisé entre les puissances mondiales et leurs anciens partenaires africains.

Eugène Vomba

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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