Dialogue avec l’AFC-M23: Une démarche tardive et humiliante, ou une décision courageuse ?

Alors que le ministre de la justice a mis à prix les têtes de Nanga et Bisimwa figures de proue de l’AFC-M23, le gouvernement congolais a finalement accepté des négociations avec la rébellion dont le Rwanda est le principal parrain. Ces négociations seront conduites sous la médiation Angolaise.

Selon un média Angolais qui a relayé la nouvelle, Luanda a été chargé d’entrer en contact avec la rébellion pour le début des pourparlers, quelques heures après un tête à tête entre le président Tshisekedi et João Lourenço. Cette nouvelle est commentée différemment par les congolais. Jimmy Kioma Chercheur en gouvernance et sécurité, encourage cette démarche. Selon lui, négocier n’est pas une fatalité surtout dans le contexte actuel. Il déplore cependant le retard qui a conduit à cette démarche pourtant salvatrice pour préserver des vies humaines.

« Négocier n’est pas une fatalité, mais quand est-ce qu’on peut négocier, faudrait-il attendre que l’on tué des congolais, alors qu’on savait que militairement ont était incapable de résoudre ce conflit ? », s’est-il interrogé.

Une décision tardive ?

L’opposition estime par ailleurs que cette décision est tardive mais surtout humiliante, après une résistance du pouvoir qui a conduit à plusieurs pertes de vies humaines innocentes. Pour Fabrice Saa Mbili, cadre du parti Ensemble pour la République, le pouvoir n’est pas assis dans cette démarche. D’après lui, cela s’illustre dans la communication de la présidence pour annoncer cette décision.

« Dire nous prenons acte, laisse entendre que Kinshasa découvre cette initiative au même moment que le reste de la population. Comment une telle décision stratégique peut-elle surprendre l’exécutif congolais ? Cela donne l’impression d’un pouvoir qui subit plutôt que d’un État souverain qui prend les devants », a-t-il déclaré.

Au-delà de cette incohérence, l’acteur politique questionne la nature même de ces négociations: « Ces discussions auront-elles lieu avec les chefs du M23 sous mandat d’arrêt, comme Bertrand Bisimwa et Willy Ngoma ? Le gouvernement négociera-t-il avec ceux qu’il considère officiellement comme des criminels ou avec une autre délégation ? ». Cette ambiguïté, selon lui, jette le trouble sur la position réelle des autorités face à ce groupe armé qui continue d’occuper des territoires congolais.

Mais au-delà des interrogations sur la forme, c’est le fond de cette décision qui scandalise l’acteur politique Fabrice Saa Mbili. « Pourquoi attendre autant de sacrifices pour en arriver là ? Des milliers de vies ont été perdues à Goma, Bukavu,…, des femmes ont été violées, des villages rayés de la carte, nos militaires massacrés, notre territoire envahi… et maintenant, seulement maintenant, Kinshasa veut négocier ? » s’interroge-t-il.

Anticiper pas réagir

Face à ces interrogations, ce dernier estime que le gouvernement aurait dû anticiper cette issue bien plus tôt, afin d’éviter un drame humain et militaire d’une ampleur aussi désastreuse. « Nous entendre dire aujourd’hui que nous n’avons pas d’autre choix que de négocier après avoir laissé l’ennemi semer la terreur est un échec politique et stratégique flagrant du regime en place qui ne sait ni anticiper les évènements encore moins les resourdre », précise notre source.

Alors que l’Angola présente ces négociations comme une avancée vers la paix, Fabrice Saa Mbili y voit un aveu de faiblesse de la part des autorités congolaises, qui, selon lui, donnent le sentiment d’être mises devant le fait accompli. Pour lui, cette posture ne fait que renforcer l’incertitude et l’incompréhension au sein de la population, déjà éprouvée par des années de guerre.

Azarias Mokonzi

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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