« Plusieurs jeunes se font recruter sur fond de ruse en province de l’Ituri pour rejoindre le maquis de l’AFC-M23″. C’est ce qu’a déclaré le lieutenant-colonel Mak Hazukay, porte-parole de l’armée dans les opérations contre les M23 et les ADF, lors d’une conférence de presse tenue lundi 10 mars 2025.
L’officier militaire a ainsi justifié sa déclaration après avoir présenté des Congolais, qui selon lui, œuvrent au sein de l’AFC-M23, recrutés en Ituri. Ces Congolais, combattant au sein du mouvement politique et militaire que coordonne Corneille Nanga, se sont rendus dernièrement aux FARDC après des accrochages dans le territoire de Lubero. D’après l’armée, ces Congolais étaient enrôlés par ruse par le chef Kawa et Thomas Lubanga, ‘alliés du M23 en Ituri ».
« Ces Congolais étaient recrutés, formés par les M23 auprès de qui ils combattaient contre la RDC. Ils se sont rétractés à la mère patrie après avoir compris le piège de l’ennemi », a déclaré le colonel Mak Hazukay.
Recrutés pour travailler en Ouganda
Ces jeunes, poursuit la même source, étaient recrutés pour œuvrer dans une entreprise en Ouganda. Avant le départ en Ouganda, chacun recevait 80 000 FC, soit 29 $. « On leur disait qu’on allait leur trouver un travail en Ouganda. Ils ont été surpris de traverser la frontière à partir de Bunagana, où ils étaient accueillis par des officiers rwandais qui les prenaient pour une formation militaire à Chanzu», ajoute le Colonel.
La vie du maquis
Contrairement à l’offre que présente le M23, la réalité du terrain semble bien différente. Selon l’un des rendus, seules les troupes rwandaises sont bien traitées sur le champ de bataille et bien équipées. Ce mouvement armé, qui prône l’unité à l’extérieur, semble bien être fragmenté en interne. Une sorte de ségrégation s’est amplifiée, principalement entre les militaires rwandais et les nouvelles recrues mises en contribution dans cette guerre.
Cet ancien élément du M23 dit avoir passé près d’une année à comprendre la situation sans recevoir aucune prime de la part du mouvement du 23 Mars. « Depuis le centre de formation jusqu’à ce que je me sois rendu, je n’ai jamais touché un seul rond. Nous sommes traités très différemment des troupes rwandaises, souvent bien équipées, payées et nourries. Nous avons compris que c’était vraiment de la manipulation, nous étions maltraités. C’est de la manipulation dans la communication, mais le traitement est inhumain là-bas. Non seulement on ne nous paye pas, mais en plus nous travaillons sous pression et sans repos », a-t-il souligné.
Iturien et ressortissant de Djugu, Maki Baraka, cet ancien soldat de l’AFC-M23, conseille aux jeunes de ne pas céder à la manipulation de Thomas Lubanga. Selon lui, dans des combats qui exigent des unités aguerries, leur unité était déployée sur le terrain uniquement pour transporter des objets pillés par des troupes ougandaises. « Pendant des combats qui exigeaient des unités aguerries, on nous prenait pour transporter des objets pillés par des troupes rwandaises», explique-t-il.
Ces révélations tombent au moment où l’AFC-M23 poursuit son mouvement de recrutement dans les deux Kivu, en Ituri ainsi que dans l’Uélé.
Azarias Mokonzi
Author(s): tazamardc.net
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