2025-03-01
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Au total, 63 personnes ont été jugées par le tribunal militaire de garnison de Butembo-Lubero, siégeant en audience foraine de flagrance à Musienene, un village du territoire de Lubero (Nord-Kivu). Cinquante-cinq militaires ont été condamnés à la peine de mort, tandis que d’autres ont écopé de peines de cinq et deux ans de prison.
Les condamnés ont été reconnus coupables de plusieurs infractions, notamment l’assassinat, le vol, le viol, le pillage, l’extorsion, l’espionnage et la violation des consignes. Parmi les prévenus ne figuraient pas seulement des militaires des Forces armées de la RDC (FARDC), mais aussi des membres des Wazalendo ainsi que des civils. Parmi ces derniers, deux jeunes filles ont été accusées d’espionnage et de trahison. Selon l’auditeur militaire de garnison de Butembo-Lubero, ces deux filles accédaient régulièrement aux zones d’opérations sans autorisation.
« La discipline est la mère des armées. Voilà pourquoi nous avons amené ces prévenus ici. Il y a deux dames, des civiles, poursuivies pour espionnage et trahison. Dans le lot restant, il y a deux Wazalendo que nous avons également traduits devant la juridiction militaire », a expliqué le major magistrat Georges Nkuwa.
Un jugement pédagogique mais contesté
Pour l’armée congolaise, le jugement de ces militaires en pleine guerre est un acte pédagogique destiné à décourager d’autres soldats engagés dans les opérations. Toutefois, la défense des prévenus ne partage pas cet avis.
Maître Jules Muhweko, défenseur judiciaire près le Tribunal de grande instance de Butembo et membre du collectif de défense des prévenus, dénonce le caractère « partial » du tribunal, qui, selon lui, s’est uniquement fié au réquisitoire du ministère public. Il n’exclut pas d’interjeter appel devant la cour militaire du Nord-Kivu à Beni pour obtenir justice en faveur de ses clients.
« Nous ne sommes pas satisfaits du rendu de ce jugement. Cinquante-cinq de nos clients viennent d’être condamnés à la peine de mort. Le tribunal a décliné sa compétence pour six prévenus et n’a acquitté qu’une seule personne. Nous espérions l’acquittement de plus de vingt personnes, au vu du déroulement de l’instruction des dossiers. Nous comptons interjeter appel dans un délai de cinq jours », a-t-il réagi.
Un procès attendu par la population
Ce procès intervient au lendemain d’une vague de panique sur la ligne de front en territoire de Lubero. En fuyant les affrontements avec les rebelles du M23, alliés au Rwanda, des militaires avaient semé la terreur sur leur passage. Ils avaient tiré des coups de feu sans motif apparent et s’étaient livrés au pillage de commerces et d’habitations. Un cas de viol sur mineure ainsi qu’un assassinat avaient également été signalés.
Les victimes de ces exactions se disent partiellement soulagées par la condamnation des coupables. Paluku Kababala Roger espère que cette décision servira d’exemple aux autres militaires. Il appelle également à une surveillance stricte des détenus pour éviter toute évasion.
« Je viens d’assister à la condamnation des militaires qui ont semé la panique à Musienene et dans d’autres agglomérations du territoire de Lubero par des tirs injustifiés. Je suis soulagé et j’espère que cela servira d’exemple. Il faut veiller à leur détention pour éviter toute tentative d’évasion », a-t-il martelé.
Ce jugement intervient alors que la situation sécuritaire reste précaire dans la province du Nord-Kivu. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, contrôlent plusieurs agglomérations et se rapprochent dangereusement de la ville commerciale de Butembo. L’armée congolaise, appuyée par les groupes d’autodéfense Wazalendo, tente de freiner leur avancée.
Author(s): mediacongo.net
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