Kinshasa, 20 février 2025 (ACP).- Les acteurs judiciaires ont été appelés, jeudi, à l’amélioration des conditions de détention préventive en République démocratique du Congo, lors du lancement officiel, à Kinshasa, de la vidéo-documentaire « Ekafela », par la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH-RDC), en collaboration avec l’Avocats Sans Frontières (ASF).
« Le lancement du projet ‘Ekafela, qui relate les témoignages des ex-détenus de la Prison centrale de Makala, à Kinshasa, va nous permettre de faire le suivi du plaidoyer dans le cadre de l’amélioration de détention préventive en RDC, conformément aux réformes prévues dans la Constitution congolaise et autres lois nationales et internationales en matière de détention », a déclaré Paul Nsapu, président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH-RDC).
Et de poursuivre :
« Comme d’aucuns le savent, la RDC s’est dotée, depuis le 18 février 2006, d’une Constitution qui érige un Etat de droit, démocratique et respectueux des droits de l’homme ainsi que des autres valeurs de dignité humaine. Cette Constitution prévoit une restructuration de l’ensemble du système judiciaire ».
Pour le président Paul Nsapu, dans cette vidéo-documentaire qui scrute la problématique de la détention en RDC, on retient des diagnostics alarmants quant au non-respect des normes, tant en ce qui concerne les conditions de détention des personnes incarcérées, que la légalité de la détention dans les prisons et autres lieux d’enfermement.
« La CNDH, à travers plusieurs de ses enquêtes à Kinshasa comme en province, a eu à noter que la légalité de l’arrestation et de la détention connaissent certaines entorses liées aux graves dysfonctionnements, et continue à en faire son cheval de bataille, au regard de sa mission régalienne », a-t-il renchéri.
Respect des droits des détenus
Pour sa part, Dominique Kamuandu, coordinateur thématique et stratégique de l’avocat sans frontière (ASF) a relevé que la réalisation de la vidéo-documentaire »Ekafela » tire son inspiration des constats et statistiques accumulés au fil des années par l’ASF, de 2006 – 2024, à travers ses différents projets sur la lutte contre les détentions illégales massives prolongées et l’assistance judiciaire des personnes vulnérables en détention illégale, soulignant que dans la cérémonie de ce jour, l’ASF, en collaboration avec la CNDH, veut sensibiliser les autorités centrales, les différentes institutions et autres services publics concernés sur le respect des droits humains des détenus et des groupes vulnérables ».
Pour ce représentant de l’ASF, la question des droits fondamentaux des justiciables détenus, étant au cœur de ce film documentaire, cette organisation internationale a relevé, qu’au-delà de la simple privation de liberté avant le jugement définitif, la décision de mise en détention provisoire est souvent démesurée, alors que la personne est encore qualifié présumé auteur.
« Cette personne peut être innocente, jusqu’à preuve du contraire », a-t-il souligné. C’est pour cette raison, il est important d’attirer l’attention de toutes les autorités et structures concernées, à travers cette vidéo-documentaire Ekafela.
Me Gisèle Kapinga Ntumba, commissaire nationale de la CNDH-RDC, en charge des droits des femmes et des enfants, a relevé, de son côté que les causes des détentions préventives prolongées en RDC résultent aux recours systématiques à la détention, à la pauvreté des détenus qui n’ont pas les moyens de recourir aux services des avocats, au mauvais fonctionnement des greffes, parce que les détenus ne sont pas de fois informés de leurs sorts et du monnayage de certains services qui bloque les procédures.
Projet Ekafela
La vidéo-documentaire qui a présenté la situation de détention arbitraire dans le pays, bénéficié de l’appui de l’ambassade du Royaume des Pays-Bas en RDC et de la deuxième phase du Programme d’appui à la réforme de la justice (PARJ 2), financé par l’Union européenne, à travers le 11ème Fonds européen (FED), selon le représentant de l’ASF.
» Ekafela » est une vidéo documentaire qui présente, à travers un échantillon deux témoignages des ex-détenus, qui ont relevé les conditions de détention à la prison centrale de Makala et de la manière dont les dossiers des détenus préventifs incarcérés sont traités au sein des systèmes judiciaire et pénitentiaire.
L’ASF a réalisé cette vidéo-documentaire sur la base des données collectées dans le cadre de ses activités de monitoring des prisons et d’aide légale aux personnes en détention préventive.
ACP/C.L.
Author(s): acp.cd
Source: Access the article
