Dans un contexte de guerre et d’exploitation illicite des minerais en République démocratique du Congo (RDC), le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a signé un arrêté le 12 février 2025, déclarant « Rouge » plusieurs sites miniers situés dans les territoires de Masisi et de Kalehe, respectivement dans le secteur de Rubaya et celui de Nyabibwe. Cette mesure, valable pour six mois, vise à contrer le pillage des ressources naturelles par les groupes armés et leurs alliés.
Une décision motivée par l’agression et le pillage
Le gouvernement congolais justifie cette décision par l’agression militaire en cours depuis 2021, orchestrée par le groupe rebelle M23/AFC avec le soutien de l’armée rwandaise. L’arrêté ministériel s’appuie notamment sur le rapport du Groupe d’experts des Nations unies publié le 27 décembre 2024, qui documente l’implication directe du Rwanda dans le soutien logistique et militaire à ces forces rebelles, notamment dans le secteur minier.
Pour Kinshasa, l’exploitation et le commerce illégal des minerais issus de ces zones alimentent directement le conflit et constituent une violation des lois congolaises et des régulations internationales, telles que le Manuel du Mécanisme Régional de Certification (MRC) de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et les directives de l’OCDE sur les minerais provenant de zones de conflit.
Un impact majeur sur le commerce des minerais
En déclarant ces sites « Rouge », le gouvernement congolais interdit toute exploitation, commercialisation ou exportation des minerais issus de ces zones sous occupation rebelle. L’objectif principal est de couper les sources de financement des groupes armés, qui utilisent ces richesses naturelles pour entretenir la guerre et semer l’instabilité dans l’est du pays.
Les sites miniers concernés pourront faire l’objet d’un audit indépendant, initié soit par le ministère des Mines, soit par des organisations internationales comme l’ONU, l’OCDE ou la CIRGL. Cette démarche vise à renforcer la transparence et à empêcher que des minerais de contrebande n’inondent les marchés internationaux sous une fausse certification.
Une mesure forte pour protéger la souveraineté économique
Cette décision marque une étape importante dans la lutte du gouvernement congolais contre l’exploitation illicite des ressources minières et la déstabilisation du pays par des forces étrangères. En plus d’un embargo sur les minerais issus de ces zones, Kinshasa espère mobiliser la communauté internationale pour imposer des sanctions aux réseaux de contrebande qui bénéficient de ces minerais du sang.
Alors que l’Est de la RDC reste en proie aux violences et aux conflits liés aux ressources naturelles, cette initiative pourrait encourager des actions plus fermes de la part des partenaires internationaux pour lutter contre l’impunité et protéger la souveraineté minière congolaise.
Daniel Bawuna
Author(s): mines.cd
Source: Access the article