Lors d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies tenue à Genève, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dressé un constat accablant sur les causes du conflit qui ravage l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Selon lui, l’exploitation illégale des ressources naturelles est le principal moteur des violences qui déstabilisent la région depuis des décennies.
Dans son intervention, dont le compte rendu a été publié sur le site des Nations Unies le 7 février dernier, il a dénoncé l’occupation de l’aéroport de Goma par le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, un blocage qui entrave l’acheminement de l’aide humanitaire. Il a également condamné le pillage des entrepôts de la MONUSCO et des organisations humanitaires, aggravant la crise pour les populations locales.
Un commerce mondial complice du chaos
Au-delà des violences sur le terrain, Volker Türk a pointé la responsabilité indirecte de la communauté internationale dans la perpétuation du conflit. « Je suis toujours frappé par le fait que la population de l’Est souffre terriblement, tandis que beaucoup de produits qu’on utilise, comme les téléphones portables, sont nourris par les minéraux de l’Est de la RDC », a-t-il déclaré.
L’exploitation illégale du coltan, de l’or et du cobalt alimente une chaîne d’approvisionnement mondiale, souvent sans que les populations locales n’en tirent aucun bénéfice. Face à cela, le Haut-Commissaire appelle les États et les entreprises à garantir la traçabilité des ressources congolaises et à s’assurer que « tout soutien financier ou autre n’alimente pas de graves violations des droits humains ».
L’urgence d’une action judiciaire et politique
Volker Türk a exhorté la communauté internationale à mettre fin à son inaction coupable et à engager des poursuites contre les responsables des crimes commis en RDC. « Le peuple congolais souffre des horreurs depuis des décennies. Combien d’innocents doivent encore perdre leur vie pour qu’enfin on voie naître une réelle volonté politique ? Il faut agir de toute urgence. »
Il plaide pour l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale afin d’identifier les auteurs des crimes et de démanteler les réseaux d’exploitation illégale des ressources naturelles.
Un appel à une mobilisation immédiate
Alors que la RDC reste au cœur d’une des crises humanitaires les plus graves au monde, l’ONU appelle à une prise de conscience internationale. Loin d’un simple conflit entre factions armées, la guerre à l’Est du pays est un engrenage complexe mêlant intérêts économiques, ingérences étrangères et passivité politique.
Volker Türk insiste : seule une action concertée et résolue pourra mettre un terme à ce pillage systématique qui plonge des millions de Congolais dans l’insécurité et la misère. Sans cela, l’Est de la RDC restera un théâtre de souffrances et d’injustices, dont les véritables bénéficiaires restent dans l’ombre.
Azarias Mokonzi
Author(s): mines.cd
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