En marge de la 31ᵉ édition du forum Investing in Africa Mining Indaba, le Directeur Général du Cadastre Minier (CAMI), Popol Mabolia Yenga, a participé à la session axée sur : « À qui appartiennent réellement les minerais en Afrique ? ». Son intervention a mis en lumière la nécessité pour la RDC de réduire sa dépendance aux exportations brutes et de maximiser la valeur ajoutée localement.
Une exploitation minière peu profitable à la RDC
Depuis plus d’un siècle, la RDC est un acteur majeur dans l’extraction du cuivre et du cobalt, essentiels pour les industries technologiques et énergétiques mondiales. Pourtant, selon Popol Mabolia, le pays ne bénéficie pas pleinement de ses ressources.
« Depuis 100 ans, la RDC produit du cuivre, l’extrait, l’envoie et puis c’est fini. Dès que ça sort de chez nous, il y a plusieurs intervenants qui font deux, voire trois fois plus d’argent que nous », a-t-il dénoncé.
Cette intervention du DG du Cadastre Minier, a mis en évidence un déséquilibre économique où la véritable richesse est captée par les acteurs étrangers à travers la transformation et la commercialisation des produits finis.
L’industrialisation, un impératif pour la RDC
Pour remédier à cette situation, Popol Mabolia plaide pour une transformation locale des minerais. Il rappelle qu’à une époque, la Gécamines maîtrisait déjà cette approche, en produisant du cobalt électrolytique à 99,9% de pureté, directement livré aux grands industriels comme Rolls Royce.
« Nous avons déjà démontré que nous pouvions le faire. La Gécamines livrait directement aux consommateurs finaux. Aujourd’hui, nous avons perdu ce contrôle », a-t-il souligné.
Le retour à une industrialisation forte permettrait à la RDC de réduire les intermédiaires, de capturer une plus grande part de la chaîne de valeur et d’augmenter significativement ses revenus.
Les défis à surmonter pour une souveraineté minière
Malgré cette ambition, plusieurs obstacles freinent encore l’industrialisation locale :
Dépendance aux exportations brutes : La majorité des minerais extraits quittent la RDC sans transformation, privant le pays des retombées économiques substantielles ;
Coûts et traçabilité : Les producteurs congolais font face à des exigences strictes de certification, augmentant les charges d’exploitation ;
Manque d’infrastructures industrielles : Peu d’usines existent en RDC pour raffiner et transformer localement les ressources minières ;
Stratégies commerciales inefficaces : Les accords actuels privilégient les grands négociants internationaux, limitant les relations directes avec les consommateurs finaux.
Une vision pour l’avenir : transformer localement pour prospérer
Pour relever ces défis, Popol Mabolia propose un modèle économique audacieux qui repose sur :
Le développement d’unités de raffinage et de transformation industrielle ;
L’établissement des partenariats directs avec les grands consommateurs mondiaux ;
La mise en place de politiques incitatives pour attirer les investissements industriels ;
« Si la Gécamines produit ses propres quantités de cuivre, pourquoi ne pas aller directement voir le consommateur final et conclure un arrangement ? », a-t-il interrogé.
Un appel à la souveraineté minière africaine
L’intervention de Popol Mabolia à Mining Indaba soulève une question cruciale pour toute l’Afrique : les pays riches en minerais doivent-ils continuer à jouer un rôle de simples fournisseurs de matières premières ?
Pour la RDC, la réponse est claire : l’industrialisation locale et la négociation de contrats plus équitables sont la clé d’une véritable indépendance économique. En reprenant le contrôle de ses ressources, le pays pourrait non seulement maximiser ses profits, mais aussi garantir un développement durable et inclusif au profit de la population congolaise.
Junior Ngandu
Author(s): mines.cd
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