Des attaques régulières entre groupes armés impactent négativement l’approvisionnement en produits vivriers agricoles dans les zones d’accueil des déplacés de guerre.
La société civile de Lubero évoque cette inquiétude lors d’une interview nous accordée ce mercredi 05 février 2025. Muhindo Tafuteni, son président, cite le village Kivale, en chefferie de Batangi, groupement Mbulie, qui, en ces jours, est devenu le théâtre des combats entre un groupe armé de Monsieur Gilbert et le FPP/AP de Kabido. En dehors des conséquences sur la production agricole, les conflits entre ces belligérants occasionnent aussi le déplacement de la population et la violation grave des droits humains.
« Nous regrettons d’entendre régulièrement qu’il y a des affrontements entre ces deux groupes, qui pouvaient se liguer comme un seul homme et combattre l’ennemi. Le village de Kivale reste le dernier grainier pouvant donner à manger à la communauté (déplacée) cantonnée à Lubero centre, Lukanga, Kimbulu, Musienene, voire Butembo. Dire que ces gens vont continuer à déranger les cultivateurs dans cette zone, c’est insupportable. Nous avons alerté suffisamment les autorités militaires et celles de l’état de siège, mais on n’a jamais trouvé la solution. Nous avons aussi proposé que cette zone soit directement sous contrôle des FARDC. Nous n’avons que le groupement Mbulie et Bas-Musindi qui peuvent faciliter les activités champêtres en ces jours« , a dit Muhindo Tafuteni.
Ayant été saisi du dossier, l’autorité territoriale a convoqué une réunion d’urgence avec les protagonistes du conflit le mardi 04 février 2024 au chef-lieu du territoire de Lubero. Le colonel Kiwewa Mitela Alain regrette ces affrontements entre groupes armés qui ont signé un acte d’engagement pour la paix en septembre dernier, acte dans lequel ils se sont engagés à ne pas s’affronter. L’autorité territoriale estime que la synergie des volontaires pour la défense de la patrie ne joue pas bien son rôle, au regard de la persistance des conflits internes malgré l’installation de cette synergie. Le problème de leadership et les conflits d’intérêts seraient à la base des contre-attaques entre les groupes armés, estime le colonel Kiwewa Mitela Alain.
« J’avais pris l’initiative de convoquer les groupes armés concernés, entre autres le FPP/AP de Kabido et la coalition du groupe de Gilbert et les victimes de massacres. Nous avons essayé d’échanger pour savoir la cause des disputes, et personne n’a été clair pour dire la vérité. Nous avons compris qu’il y a d’abord un problème de leadership. Tout le monde veut devenir chef, tout le monde veut avoir une portion de commandement, et il y a un problème d’intérêt. C’est suite à cela que ces gens se battent à tout moment, et pourtant ce n’est pas opportun. Nous avons plutôt deux ennemis communs à combattre : les ADF et les rebelles du M23-RDF-AFC. Mais maintenant, nos arrières sont aussi insécurisés par nos Wazalendo. Moi, je commence à voir qu’il y a certains groupes des VDP qui ne sont pas avec nous, qui font plutôt le jeu de l’ennemi« , dit l’administrateur militaire du territoire de Lubero.
Le colonel Kiwewa Mitela Alain fait savoir qu’à l’issue des échanges avec les responsables des VDP qui s’affrontent régulièrement en chefferie de Batangi, un ultimatum de 48h a été donné pour que ceux-ci vident les lieux et partent aux lignes de front. Dans le cas contraire, le service de sécurité va s’y impliquer pour asseoir la suprématie de l’État en y déployant des éléments des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Rappelons que, depuis lundi 03 février, les affrontements ont été signalés à deux reprises au village Kivale et une dizaine de morts et de blessés ont été documentés dans le rang des protagonistes du conflit dans ce village situé à moins de 30 kilomètres du chef-lieu du territoire de Lubero.
David Mayani
Author(s): tazamardc.net
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