Guerre du M23 : l’éducation des enfants en péril, une deuxième guerre engagée contre la nation ignorée ?

Bien que garantie par la constitution, l’éducation en République démocratique du Congo, surtout dans sa partie Est, demeure illusoire à la suite des conflits armés qui déchirent cette partie du pays, ont dénoncé plusieurs acteurs de paix à l’occasion de la journée internationale de l’éducation ce mercredi 22 janvier 2025.

Les enfants, pour la plupart, en dépit de la gratuité de l’enseignement de base, n’ont pas accès à l’éducation à cause de la guerre. Plusieurs sont ceux qui ont déjà fui leurs milieux d’origine et occupent dans leurs milieux de refuge des infrastructures scolaires, ce qui empêche même les enfants œuvrant dans les entités en sécurité d’accéder facilement à l’éducation scolaire. Pour Dady Azor Nyamusisi, acteur de la protection des enfants, malgré cette situation, l’État congolais a l’obligation d’assurer les conditions minimales d’exercice et jouissance dudit droit pour garantir l’avenir de ces enfants, élites de demain.

« L’article 43 de la constitution du 18 février, telle que modifiée et complétée à ce jour, garantit le droit à l’éducation à chaque citoyen congolais. L’éducation étant une des missions régaliennes de l’État, celui-ci se doit donc l’obligation d’assurer les conditions minimales d’exercice et jouissance dudit droit, afin de parfaire la formation de son élite. Face à la recrudescence de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC, force est de constater que l’accès à ce droit n’est plus effectif et laisse à désirer. D’un côté, des arrêts intempestifs des années scolaires impactent significativement le niveau des enfants ; de l’autre, l’arrêt total dû aux déplacements massifs des populations fuyant les hostilités et qui, malheureusement, occupent les infrastructures scolaires de leurs milieux de refuge, situation qui met en mal non seulement les déplacés, mais aussi ceux-là qui les accueillent », a-t-il expliqué.

La situation ayant atteint son paroxysme, il s’observe des violations graves des droits de l’homme, parmi lesquelles l’attaque des écoles, regrette notre source. « La guerre étant loin de dire son dernier mot, l’État congolais s’oblige de diversifier les approches et stratégies afin d’assurer tant soit peu l’accès à l’éducation aux enfants, même dans les camps de déplacés. Cette stratégie étant temporaire, elle pourra ainsi limiter le risque d’abus, d’exploitation, de délinquance et de vagabondage des enfants dans leurs milieux de refuge, le temps qu’une solution durable soit trouvée, celle évidemment de restaurer l’autorité de l’État sur toute l’étendue de la RDC. Si vous voulez détruire un État, attaquez-vous à son système éducatif, a dit Mandela. Nous pensons que l’État congolais ne saurait tomber dans ce piège », a-t-il ajouté.

Marquée par la désescalade des violences, la situation sécuritaire au Nord-Kivu, Sud-Kivu et en Ituri reste préoccupante. Cette situation a favorisé des adhésions volontaires ou forcées d’enfants au sein des groupes armés. Dans son récent rapport, les experts de l’ONU ont dénoncé l’enrôlement des enfants dans des groupes armés, notamment le M23. Ces enfants sont utilisés comme boucliers humains par ces rebelles pour la conquête des entités. Des milices locales en Ituri recourent aussi à l’utilisation des enfants à des fins de guerre, comme les terroristes ADF.

Ce phénomène met en péril l’éducation des enfants, qui devrait en réalité être sauvegardée par l’État congolais pour garantir l’avenir de ces enfants qui constituent une bombe à retardement contre l’État congolais. L’encadrement des enfants et l’éducation de ces derniers devraient susciter la création d’un mécanisme de protection malgré la situation sécuritaire tendue, pour empêcher la délinquance à venir.

Azarias Mokonzi

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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