Un an pour son deuxième mandat : Tshisekedi, entre désillusions, tâtonnements et chantages ?

Il y a un an, ce lundi 20 janvier 2025, Félix Tshisekedi prêtait serment comme chef de l’État et président de la République pour son deuxième et dernier mandat. Depuis la reprise du pouvoir, Félix Tshisekedi fait face à des critiques acerbes sur sa gouvernance.

Bien que les défenseurs de la mouvance présidentielle présentent un bilan assez positif de Tshisekedi dans la gestion de la chose publique, notamment dans le combat contre l’insécurité et la vie chère, l’opposition et la société civile, elles, voient le contraire. Pour Fabrice Saa Mbili, cadre d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, un parti politique membre de l’opposition, le bilan de l’anniversaire du second mandat de Félix Tshisekedi n’est pas négatif mais est marqué plutôt par son inexistence et une incapacité flagrante à répondre aux attentes des Congolais.

« L’espoir suscité par son investiture s’est rapidement transformé en désillusion », déclare Fabrice Saa Mbili. Selon lui, les six priorités annoncées par le chef de l’État ne sont qu’un écran de fumée. « La création d’emplois pour les jeunes reste un slogan vide, pendant que des millions de Congolais sombrent davantage dans le chômage et la précarité », a-t-il déploré.

En matière de sécurité, la situation dans l’Est du pays s’est aggravée. « Les massacres se multiplient, les rebelles gagnent du terrain, et le gouvernement répond par l’inaction ou des déclarations sans lendemain », critique Saa Mbili, qui dénonce également la gestion économique chaotique, caractérisée par une inflation galopante et une dévaluation du franc congolais qui asphyxie les ménages.

« Le président passe plus de temps dans les avions que sur le terrain », assène l’opposant, fustigeant les voyages incessants de Félix Tshisekedi qui, selon lui, ne produisent aucun résultat tangible pour le pays. « Ces déplacements coûteux, combinés à une mauvaise gestion des ressources publiques, accentuent une crise économique déjà profonde », poursuit-il.

Fabrice Saa Mbili pointe également du doigt l’absence de réformes structurelles pour moderniser l’administration et lutter contre la corruption.

« L’État fonctionne toujours comme un organisme chaotique, où règnent favoritisme et improvisation. Les promesses de renforcement de l’efficacité du service public sont devenues des moqueries pour le peuple».

Pour l’opposant, ce bilan d’une année illustre une continuité des erreurs du passé, avec un manque de vision, de volonté politique et de résultats concrets. « Félix Tshisekedi a échoué à incarner le changement qu’il prétendait représenter. Son bilan n’est pas seulement mauvais, il est une trahison des aspirations du peuple congolais », conclut Fabrice Saa Mbili, appelant à une mobilisation citoyenne pour exiger des comptes tout en estimant qu’un bilan inexistant est pire qu’un bilan négatif.

Déception qui augure l’échec du quinquennat ?

Les réactions s’enchaînent dans un vent qui étale un échec béant réduisant l’espoir du peuple, déjà rebuté par la situation économique très dégradante. « Il s’observe des tâtonnements et gesticulations dans le chef d’un leader qui est censé avoir l’expérience de 5 ans au sommet de l’État. La dite expérience devrait déjà permettre à ce dernier de cerner les réels problèmes du Congolais, malheureusement ses agissements disent le contraire », pense de sa part Dady Azor Nyamusisi, qui précise que si l’action du gouvernement est censée définir le destin du citoyen, celle de Félix tape toujours à côté de la plaque.

« D’un côté, il investit des sommes importantes dans les projets jugés moins importants… Face à la construction du centre financier, Arena, etc., et le souci de réduire le coût d’achat de la population, désengorger les routes de dessertes agricoles, ou mieux encore renforcer la flotte aérienne… On peut tous voir ses priorités. Sans oublier l’épineuse question liée à la paix. Comment comprendre le comportement d’un président dont le pays est agressé et dont les territoires sont sous occupation, une situation à la base de la dégradation de la situation humanitaire, mais qui alimente au sein de la classe politique le débat lié au changement de la Constitution ? », s’est-il interrogé.

Cette analyse est appuyée par Jacques Sinzaera, un activiste pro-démocratie, choqué par l’échec de Félix Tshisekedi un an après sa prise de pouvoir pour son deuxième mandat. « Une déception, cher ami. La situation se détériore davantage. Tracasseries, détournements et cherté de la vie », s’exclame-t-il.

Le professeur Dady Saleh pense de sa part que la volonté du chef de l’État est loin de se traduire dans la réalité. « Le bilan est mitigé. On ne sait pas dire si c’est positif ou négatif, parce qu’on sent qu’il a la volonté, mais sur le plan effectif, on n’avance pas assez. Le président n’est pas clair dans ses positions, même lorsqu’il s’agit de la situation sécuritaire ou de la justice», pense-t-il.

La situation actuelle du pays montre que le deuxième mandat de Félix Tshisekedi commence sur une mauvaise note, rétorque pour sa part Stewart Muhindo du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA). « Je m’imagine que ceux qui ont voté pour lui sentent la déception de l’avoir fait, parce que, que ce soit sur le plan sécuritaire ou socio-économique, la situation continue à être chaotique dans le pays. Surtout que chez nous, à l’Est du pays, les ADF ont étendu leurs attaques et leurs zones d’actions, mais aussi les M23 continuent à conquérir des villages, sans une résistance sérieuse de la part des forces armées congolaises. C’est encore une déception totale. Mais on espère que non seulement Félix Tshisekedi profitera des 4 ans qui lui restent pour se rattraper, mais surtout que ceux qui ont voté pour lui se comporteront avec plus de conséquences à l’avenir. Parce que si nous continuons à voter pour des gens incapables et qui n’ont pas une vision sérieuse pour ce pays, nous continuerons à vivre dans cette situation dramatique. »

Azarias Mokonzi

Author(s): tazamardc.net
Source: Access the article

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