Kinshasa, 20 janvier 2025 (ACP).- Les transporteurs ont déclenché lundi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, une grève pour protester contre la nouvelle grille tarifaire fixée par le ministre provincial des Transports. Au regard des perturbations des activités occasionnées par cette grève, l’ACP a interrogé Noël Tshiani, un expert en économie pour évaluer le manque à gagner.
1. La grève des transporteurs à Kinshasa ce lundi a perturbé les activités économiques. A quelle hauteur, pouvez-vous estimer le manque à gagner occasionné par cette grève ?
R/ Difficile de chiffrer le manque à gagner consécutif à cette grève. Mais, je peux vous donner juste une idée de perte. La plupart des Kinois sont dans le secteur informel. Les Congolais vivent de la débrouille, de la vente de tout. Cette maman qui sort de chez elle pour aller vendre des légumes, des fruits, des boissons sucrés…Ce monsieur qui va à son atelier pour coudre les habits, réparer les chaussures ou les montres, pour laver les véhicules…Ces Kinois qui sont dans l’informel ont perdu aujourd’hui. Les travailleurs dans les magasins ou dans les bureaux ont été pointés absents. Pour certains leurs salaires seront amputés. Et les malades qui devaient se rendre dans les hôpitaux, pouvez-vous évaluer les conséquences ? Et les élèves ou étudiants qui devaient aller aux cours …? Les pertes sont immenses. Et il y a certaines unités techniques qui n’ont pas pu fonctionner parce que le technicien attitré n’est pas arrivé. Par conséquent, les pertes enregistrées par l’économie suite à la grève des transporteurs s’évaluent dans des millions de dollars dans un pays où le niveau de la production est déjà très faible.
2. L’autorité urbaine a publié une nouvelle grille tarifaire qui est contestée par les transporteurs, quelle pourrait être votre proposition pour décanter la situation ?
R/ Pour décanter la situation, il faut que l’hôtel de ville propose une grille des tarifs qui tiennent compte des intérêts des uns et des autres. Il ne faut pas imposer sa volonté. Il faut une concertation entre les deux parties. L’hôtel de ville n’a pas de bus à mettre sur les routes. Si les privés se cabrent dans leur position, la ville sera paralysée. Est-ce qu’on peut imaginer les conséquences ? Le pays a intérêt à attirer les investisseurs dans le secteur des transports en commun. Avec cette politique d’une époque révolue, l’Etat va décourager tout le monde.
3. Quel est votre mot de la fin ?
R/ Nous avons tous vu ce que cette politique du populisme a eu comme effets dans différentes économies du monde. La RDC n’a pas intérêt à reproduire les mêmes erreurs. Nous sommes dans un monde libéral aujourd’hui. Nous devons écouter aussi le secteur privé.
ACP/C.L.
Author(s): acp.cd
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