Quatre ans après la mort de Laurent-Désiré Kabila, les Congolais rendent hommage à un homme « franc », « charismatique » avec une vision pour le Congo.
Chaque année, les Congolais se rassemblent pour commémorer la mémoire de Mzee Laurent-Désiré Kabila, un homme qui a sacrifié sa vie pour l’amour de son pays. Ce jeudi 16 janvier 2025 n’a pas fait exception à cette tradition. Une messe d’action de grâce a été célébrée en sa mémoire à la Cathédrale du Centenaire dans la commune de Lingwala, suivie du dépôt de gerbes de fleurs au Mausolée où il repose en paix.
Ferdinand Mutej, chef de travaux à l’UPN, a rappelé les souvenirs impérissables qu’il garde de Mzee Kabila, soulignant son engagement pour le bien-être de son peuple et la prospérité du Congo, en misant d’abord sur ses propres ressources. « Mzee Laurent-Désiré Kabila était un vaillant soldat qui veillait d’abord aux intérêts de son peuple, et pour cela, il a payé un prix fort », a-t-il déclaré, ajoutant que les chefs traditionnels du Plateau de Batéké continuent de porter sa vision pour un pays libre de la pauvreté abjecte.
Le chef de travaux Ferdinand Mutej a encouragé les disciples de Kabila à poursuivre son héritage en cultivant la semence de maïs variété Joseph Kabila Kabange (JKK 981), en collaboration avec les chefs de terres traditionnels, pour réaliser cette vision sur l’ensemble du territoire congolais.
Le chef de travaux Ferdinand Mutej Kakudji a également pris la parole lors de la célébration de la Journée du 17 mai, commémorant l’entrée des troupes de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) à Kinshasa. Il a souligné l’importance de l’héritage de Mzee Kabila, qui prônait la maîtrise par les Congolais de leurs terres et ressources naturelles.
« Ce testament est toujours vivant en nous », a-t-il affirmé, évoquant la fierté du Marché du 17 mai à Kinshasa, fruit des efforts de Kabila.
Les intervenants ont exprimé leur soutien au Président Félix Tshisekedi, appelant à la paix et à la prospérité dans le pays. L’enseignant Mbukapay Kimbaku a rappelé le rôle de Mzee Kabila dans l’incitation à travailler la terre, un message qui reste pertinent aujourd’hui, alors que les cultivateurs de Menkao bénéficient des programmes d’appui agricole.
Qui est Mzee Laurent-Désiré Kabila ?
Né le 27 novembre 1939 à Jadotville (actuel Likasi), Laurent-Désiré Kabila traîne derrière lui un long passé de maquisard qui reflète sa lutte révolutionnaire. Son combat politique remonte au début des années 1960 lorsqu’il intègre la gendarmerie katangaise dans les rangs de la jeunesse du Parti Balubakat (Jeubakat) de Jason Sendwé.
En septembre 1963, à la création du Comité national de libération (CNL), une formation politique nationaliste et révolutionnaire qui veut évincer par la lutte armée le gouvernement Adoula, il est l’un des cadres de ce mouvement.
Il se rallie, par la suite, à l’insurrection déclenchée par les forces lumumbistes en 1964 et participe à la prise par l’Armée populaire de libération d’Albertville (l’actuelle Kalemie), ancienne capitale du Nord-Katanga. Il finit par établir son maquis aux alentours de Hewa Bora, à Fizi, dans les montagnes de l’extrême sud du Kivu. Il dirige ce nouveau maquis avec ses alliés rwandais et ougandais. Lorsque Che Guevara le rencontre à Dar-es-Salaam en février 1965, il est de prime abord séduit par Laurent-Désiré Kabila.
Sorti soudainement de l’ombre en septembre 1996, il signe à Gisenyi (Rwanda) le protocole d’accord créant l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL) dont le Parti de la Révolution Populaire (PRP), sa formation politique, est membre. L’objectif visé est de mettre fin à la dictature mobutienne et d’instaurer un nouvel ordre politique au pays. Il refusera, en 1992, de participer à la Conférence nationale souveraine aux côtés d’autres opposants au régime Mobutu.
Lors de la prise de Kinshasa, le 17 mai 1997, par les troupes de l’AFDL, il s’autoproclame Président de la République. Le pays retrouve son nom d’origine (République Démocratique du Congo), le fleuve est à nouveau rebaptisé Congo ; le franc congolais se substitue à la monnaie Nouveau Zaïre ; l’hymne national et la devise du pays sont aussi rebaptisés. En 1999, il abolit l’A.F.D.L., crée le C.P.P. (Comité du Pouvoir Populaire) et fonde, en 2000, un nouveau parlement formé de 300 députés.
Le 16 janvier 2001, il est assassiné par son garde du corps. Il était localement surnommé le Mzee, littéralement le vieux, le sage en swahili.
Sa lutte pour le développement du Congo
Mzee Laurent-Désiré Kabila avait signé des contrats miniers pour l’effort de guerre, en exigeant des bailleurs le développement et la reconstruction du Zaïre qui redevenait le Congo. À Kisangani, la présence des Sud-Africains de De Beers ; à Lubumbashi, les envoyés d’American Mineral Fields font créer le premier gouvernement de commissaires généraux dont certains nommés depuis Goma, avec cette fois-ci un commissaire général aux mines.
Laurent-Désiré Kabila avait des idées originales non encore expliquées : il voulait faire d’un dixième de la population congolaise des militaires et policiers professionnels. Il voulait que les grands bailleurs de fonds viennent au Congo développer les routes, les chemins de fer, l’agriculture industrielle. Le ministère de la Reconstruction nationale était parmi ses priorités.
Josué Mutanava
Author(s): tazamardc.net
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