La série des procès contre les migrants chinois qui exploitent les minerais congolais dans l’illégalité se poursuit dans la province du Sud-Kivu. Tard dans la soirée du mercredi 15 janvier 2025, un autre procès a été ouvert à l’encontre de 10 autres chinois devant le Tribunal de Grande Instance de Bukavu (TGI-Bukavu), au Sud-Kivu.
Ce nouveau groupe de migrants chinois est accusé de blanchiment de capitaux, exploitation illicite, vol de substances minérales, entrave à la transparence et à la traçabilité dans l’industrie minérale ainsi que fraude et pillage des ressources naturelles. La première journée a été consacrée à l’identification des prévenus. Le procès réprendra le lundi prochain.
Selon Maurice Mirindi, Rapporteur du Bureau de la coordination de la société civile du Sud-Kivu, les 10 migrants chinois qui comparaissent font partie de la bande des migrants arrêtés puis libérés par la Direction Générale des Migrations (DGM). Selon lui, la société civile est satisfaite de ces avancées qui visent à lutter contre l’exploitation illicite des minerais. « On se dit un peu satisfait parce que le premier pas est franchi » a-t-il fait savoir.
Un procès pédagogique
Pour Daddy Azor Nyamusisi, juriste et défenseur des droits des enfants dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) ce procès est un enseignement. « À travers ce procès qui, pour nous, reste pédagogique, un signal fort à été lancé au monde entier: l’exploitation des minerais en RDC doit être faite dans les stricts respect de la législation congolaise en cette matière. Pourquoi ? Parce que ça permet à l’État congolais de maximiser les recettes à travers son secteur minier et être en mesure de suivre la chaîne de commercialisation de ses minerais sur le marché international pour que cela profite aux congolais», a-t-il réagit.
Le ministre de la Justice invité dans le débat
Le professeur Dady Saleh, un expert sur des questions minières, pense de son côté que ce combat, porté par le Gouverneur de la province du Sud-Kivu, doit être salué, encouragé, et accompagné par les autorités compétentes à Kinshasa. Il dénonce le fait que Kinshasa protège certains mafieux.
« Des sanctions, d’une façon sérieuse, doivent suivre. Nous demandons que le ministre de la Justice et les responsables des cours et tribunaux traquent tous les malfrats miniers pour que ce secteur soit véritablement assaini », a argué le professeur Dady Saleh.
Jacques Sinzaera, pour sa part, pense que le combat contre l’exploitation minière illégale doit être mené sur toute l’étendue de la RDC. Cet activiste des droits humains du mouvement Amka Kongo dit avoir noté l’élan du patriotisme qu’incarne, selon lui, le Gouverneur du Sud-Kivu. Selon le militant, la lutte du Gouverneur contre les mafieux miniers a exposé la complicité de certaines autorités à Kinshasa.
« Au sujet de l’élan que vient de prendre le Gouverneur du Sud-Kivu pour la traque de ces gens qui complotent avec Kinshasa pour exploiter illicitement nos minerais en violation du Code minier de 2018, nous pensons que si toutes les provinces se mettaient sur le pas, cette aventure chinoise va cesser. Ce n’est pas seulement à Bukavu. Il y a des milliers de chinois dans des forêts, à Bolebole, Mambatsi et Mungbele, dans le Haut-Uélé. Les chinois se faisaient rois, parce qu’ils étaient appuyés par certaines autorités à Kinshasa. Si ces minerais ne profitent pas à la RDC aujourd’hui, qu’est-ce qu’on dira aux générations futures ? », a-t-il martelé.
Azarias Mokonzi
Author(s): mines.cd
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