Le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, a une nouvelle fois été frappé par la violence des rebelles du groupe islamiste ADF (Forces démocratiques alliées). Lors d’une attaque survenue ce samedi 11 janvier 2025, trois cultivateurs ont perdu la vie, dont l’un a été tragiquement brûlé vif dans sa maison. Cette incursion a également entraîné l’enlèvement d’une douzaine de personnes et la destruction de plusieurs habitations dans le village de Bapakombe-Bakondo, situé à environ 15 kilomètres de la ville de Beni.
Des témoins rapportent que les rebelles ont débuté leur attaque vers 13 heures, occupant les zones agricoles de Kipeyayo, Mayangose et une partie de Lahe, avant de s’y installer pour la nuit. En plus des pertes humaines, de nombreux vélos et motos, utilisés par les cultivateurs pour transporter leurs produits, ont été abandonnés sur les lieux de l’attaque.
« Il y a eu attaque des ADF dans le Mayangose. Les premières enquêtes révèlent qu’il s’agit de trois cultivateurs qui étaient partis dans leurs champs hier, samedi. À leur retour, ils ont croisé les ADF vers Kipeyayo, dans le Mayangose, et c’est là qu’ils ont été tués. Nous avons constaté leurs biens abandonnés loin du lieu d’exécution », a déclaré Stéphane Mbakama, président de la société civile de Rwenzori, à Tazama RDC.
Ce dimanche, des habitants de Bapakombe-Bakondo, accompagnés de notables locaux et de jeunes volontaires, se sont rendus sur les lieux pour tenter de récupérer les corps des victimes. Gervais Makofi, un notable local, a exprimé des préoccupations quant à la sécurité de cette région agricole, cruciale pour l’approvisionnement de Beni et de ses environs.
« Nous demandons au gouvernement, à travers l’opération Shujaa menée en collaboration avec l’armée ougandaise (UPDF), d’intensifier les efforts de sécurisation. Cette région est stratégique, car elle fournit une grande partie des vivres pour la population locale. Mayangose est le poumon économique et agricole de Beni. Il est impératif de protéger cette zone et de veiller à la vigilance des habitants », a plaidé Gervais Makofi.
La quatrième phase de l’opération conjointe « Shujaa », menée par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les forces ougandaises, a connu des résultats mitigés, selon un rapport des experts des Nations unies. Relancée en mai 2024 après des débuts peu concluants, l’opération vise à affaiblir les ADF, un groupe armé soumis à des sanctions internationales.
Malgré quelques succès, dont la mort de plusieurs commandants ADF et la libération de centaines d’otages, les rapporteurs de l’ONU notent une augmentation inquiétante des meurtres, enlèvements et pillages, ainsi que des agressions ciblées contre le personnel médical. Ces événements exacerbent la pression sur les populations civiles des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.
Les experts appellent à une meilleure coordination entre les FARDC et l’UPDF, ainsi qu’à une protection accrue des populations civiles dans les zones touchées par le conflit.
La rédaction
Author(s): tazamardc.net
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