Mbuji-Mayi, 29 décembre 2024 (ACP).-La situation des infirmiers de la province du Kasaï Oriental, dans le centre de la République démocratique du Congo, préoccupe au plus haut point l’ordre provincial de cette corporation qui compte en son sein 3.500 infirmiers dont 20% seulement sont mécanisés et touchent des primes.
En marge de la tournée du Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo dans l’espace Grand Kasaï, l’ACP s’est entretenue avec Henriette Misenga, présidente du bureau provincial dudit Ordre pour s’imprégner des réalités de cette structure professionnelle.
Elle a plaidé notamment pour l’amélioration du traitement salarial et la mécanisation des infirmiers dans la province.
Question 1: Mme la présidente, pouvez-vous nous décrire succinctement la situation des infirmiers dans la province du Kasaï Oriental ?
Henriette Misenga: Les infirmiers du Kasaï Oriental sont confrontés à beaucoup de problèmes. C’est d’abordb les conditions sociales qui sont très précaires, de même que le salaire et la prime technique. On est à 20.864 infirmiers inscrits au tableau de l’ordre en RDC et pour la province du Kasaï Oriental, nous sommes à 3.500. Mais seulement 20% touchent leurs salaires et la prime qui sont du reste très modiques. Et puis, la mécanisation pose problème. Ça devient un miracle pour être mécanisé. Comment voulez-vous que quelqu’un travaille plus de vingt ou trente ans et se trouve en voie d’aller à la retraite sans être mécanisé? Que pourriez-vous attendre comme travail de qualité? Nous continuons à prester par amour du travail, au nom de notre serment et de notre vocation. Il n’y a toujours pas d’amélioration de nos salaires. C’est pourquoi nous sollicitons l’implication du Chef de l’État et sa compassion à l’égard des infirmiers qui forment 80 % du corps médical du pays.
Nous avons des problèmes spécifiques contenus dans un mémorandum à remettre au Chef de l’État. .
Un hôpital sans infirmier est bloqué. Mais un hôpital sans médecin peut fonctionner. Une grève sèche des infirmiers occasionne des dégâts.
Nous dénonçons l’injustice dans la répartition des grilles salariales entre nous les infirmiers et les médecins, par exemple. Pourquoi cette différence? Il y a une tension baremique qui ne nous met pas à l’aise. Comparativement aux années antérieures où les infirmiers dépendaient des médecins, aujourd’hui nous avons toutes les compétences parmi les infirmiers. Il y a des infirmiers de tous les niveaux d’études, du graduat au doctorat et même des professeurs d’université.
Mais jusqu’à ce jour, nous sommes victimes de la stigmatisation. L’infirmier doit rester au bas de l’échelle, ne jamais occuper des postes de décision. Les infirmiers peuvent aussi occuper les fonctions de direction des zones de santé, par exemple.
Il y a des recommandations pour la réforme du système de santé depuis 2016 qui précisent que les postes de responsabilité ne sont pas réservés à une seule catégorie. Cette réforme est non applicable jusqu’à ce jour.
Question 2 : Avec la Couverture santé universelle, qu’est-ce qui doit être amélioré pour garantir l’implication des infirmiers du Kasaï Oriental ?
Henriette Misenga : Maintenant avec l’avènement de la Couverture santé universelle (CSU), nous devons nous mobiliser, nous, corps médical, pour exiger une approche spécifique d’administration des soins avec professionnalisme. Et surtout qu’on améliore aussi nos conditions de vie. Il faudra qu’on mécanise un grand nombre d’infirmiers. Et ça se fait dans d’autres provinces, pourquoi pas au Kasaï Oriental ? Le malade a une grande place dans le quotidien de l’hôpital. Que le Chef de l’État puisse instruire notre tutelle d’améliorer notre traitement salarial. A notre niveau, en tant que responsable de l’Ordre, nous organisons des formations pour le renforcement des capacités afin d’améliorer la qualité des soins, mais cela ne suffit pas.
Question 3: Que pense l’Ordre des infirmiers au sujet des hôpitaux en construction dans le cadre du PDL-145 territoires ?
Henriette Misenga : Nous encourageons le gouvernement à ne pas s’arrêter et à multiplier des centres de santé dans chaque territoire de notre province. Il y en a seulement cinq, pour rapprocher la population des hôpitaux. Seulement cela peut réussir s’il y a un recrutement massif des infirmiers que nous pourrons affecter à l’intérieur. Et puis, cela devra s’accompagner d’un bon traitement salarial, sinon c’est la souffrance. ACP/C.L.
Author(s): acp.cd
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