Alors que son armée est engagée dans une lutte acharnée avec les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) contre les terroristes islamistes des Allied Democratic Forces (ADF) dans les régions de Beni, Lubero, au Nord-Kivu et Irumu et Mambasa en Ituri, le chef d’état-major général de l’UPDF a menacé de violer l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo en menant des attaques contre tous les mercenaires blancs à partir du 2 janvier 2025, à Nyiragongo et dans la ville de Goma.
Sa menace résonne comme une annonce non négligeable de la conquête planifiée par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. En parlant de « notre zone d’opérations », le patron de l’armée ougandaise nuance, admet et acquiesce aux interventions tacites de son armée dans les activités bellicistes sur le territoire congolais, en dépit des multiples démentis de Kampala concernant son soutien à la rébellion rwandaise opérant en RDC.
Quid de la souveraineté congolaise ?
L’opposant Fabrice Saambili considère cette déclaration comme une provocation et une humiliation, attestant que la RDC n’est pas traitée avec respect par les étrangers. Selon lui, le fait que le fils de Museveni attaque les mercenaires blancs dans sa prétendue zone d’opérations à l’Est de la RDC démontre que l’officier ougandais s’arroge des droits souverains sur un territoire congolais. Cette déclaration sonne comme un rappel de l’absence criante d’un État congolais fort dans cette région en proie à l’insécurité chronique.
« Comment un chef d’état-major étranger peut-il parler de sa zone d’opérations sur un territoire censé relever exclusivement de la souveraineté congolaise ? », s’est-il interrogé, affirmant que cette déclaration met en lumière ce que beaucoup qualifient désormais de « balkanisation officielle » de l’Est de la RDC, consacrée sous le règne de Félix Tshisekedi.
En signant des accords bilatéraux mal encadrés avec des voisins aux intérêts parfois hostiles, Kinshasa a, selon Fabrice Saa Mbili, ouvert la porte à la perte progressive de son autorité sur de vastes pans de son territoire.
L’attitude de l’Ouganda dans cette affaire est d’autant plus préoccupante que plusieurs rapports des Nations Unies ont pointé son rôle direct dans la déstabilisation de l’Est de la RDC. De la contrebande de ressources minières au soutien présumé à des groupes armés, Kampala est loin d’être un partenaire innocent. Et pourtant, le gouvernement congolais continue de faire confiance à l’Ouganda, fermant les yeux sur ses responsabilités dans les atrocités commises dans le Kivu.
Fabrice Saa Mbili pense que l’État congolais devrait s’interroger sur la logique de sa coopération avec ses voisins.
« Peut-on vraiment coopérer avec un pays dont les actes et les déclarations sapent la souveraineté congolaise ? La RDC, géant aux pieds d’argile, doit reprendre le contrôle de son destin. Cela passe par le rétablissement d’une armée nationale forte, la réaffirmation de sa souveraineté sur chaque kilomètre carré de son territoire et une diplomatie ferme face à des voisins souvent opportunistes. », a-t-il précisé.
La déclaration du fils de Museveni risque de fragiliser la coopération militaire entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda à travers les opérations Shujaa menées sur le territoire congolais. Les mercenaires roumains qui appuient l’armée dans le domaine de la formation ne sont pas engagés dans des opérations militaires, selon plusieurs sources. Ces mercenaires, qui n’ont rien à voir avec l’UPDF, ne constituent pas une menace contre l’Ouganda ; la déclaration du général Muhozi détermine et clarifie le rôle de l’Ouganda contre les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Ses déclarations incendiaires, non démenties par les officiels ougandais, interpellent le gouvernement sur la nécessité de renforcer ses pôles diplomatiques.
Cette déclaration intervient après l’échec du sommet de Luanda, qui a avorté en raison de l’absence du Rwanda.
Azarias Mokonzi
Author(s): tazamardc.net
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