Plusieurs associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) de la province du Nord-Kivu optent pour la mutualisation de leurs avoirs en vue de booster leurs économies.
Lors d’un café de presse qui a eu lieu le 29 novembre 2024, les femmes membres des réseaux des associations villageoises d’épargne et de crédit (RAVEC) ont partagé leurs histoires dans le cadre du programme genre, égalité et autonomisation de la femme (GEWEP), mis en œuvre par la Solidarité pour la promotion sociale et la paix (SOPROP) sur financement de Care International.
Ce programme de cinq ans vise à renforcer les capacités des femmes partenaires en gestion financière.
“À Nyiragongo, la femme n’était pas considérée. Elle n’avait pas droit à la parole. Elle ne pouvait pas s’acheter une parcelle, un champ, encore moins une chèvre. Mais grâce à ce programme, la femme de Nyiragongo est capable de tout cela. La femme ne pouvait pas épargner mais actuellement la donne a changé. Nous sommes devenus autonomes financièrement. Nous avons été formées en ce qui concerne l’avoir, le savoir et le pouvoir. Nous avons commencé avec seulement 500 FC qu’on soutirait sur la ration alimentaire fournie par nos maris et au premier cycle, la femme était capable de rentrer chez elle avec au moins 50 000 FC. Aujourd’hui, nos maris nous accompagnent parce que grâce à ces épargnes, nous les appuyons sur certains besoins familiaux” témoigne Namikenge Balike Agnès, présidente du Conseil d’administration du RAVEC Buuma, dans le groupement Munigi (territoire de Nyiragongo).
Et de poursuivre :
” Au sein de notre RAVEC Buuma, nous avons notre propre champ de 50 m2. Nous y cultivons les pommes de terre et nos membres les achètent à bas prix pour aller les revendre sur le marché et ainsi se procurer des bénéfices. Nous avons reçu un appui de 1 000 USD de la part de Care international et cet argent a boosté nos épargnes. Aujourd’hui, nous avons acheté une moto taxi à 1 250 USD. Un de nos membres l’utilise par convention et il va nous ramener 2 080 USD par an. Nous avons remis à chaque AVEC membre 150$ à rembourser progressivement. 70% des bénéfices restent à l’AVEC et 30% sont ramenés au RAVEC pour la poursuite de nos projets”.
Le réseautage facilite l’accès aux financements
Pour devenir plus performantes, les AVEC se sont regroupées en réseaux. Selon Sakina Lunguma Thérèse, présidente du réseau des associations villageoises d’épargne et de crédit Union fait la Force (RAVECUF), le fait pour les AVEC de se rassembler à travers des réseaux leur a permis d’accéder à de petits financements. Elle explique que grâce à leur réseau, elles ont pu décrocher un financement de la part de Care international à hauteur de 1 100 USD.
“Hormis le renforcement des capacités, nous avions reçu aussi un montant de 1100$ du programme GEWEP3. Cette somme nous a permis de renforcer notre atelier de coupe et couture avec de nouvelles machines à coudre. Aujourd’hui, nous avons au moins sept machines et nous encadrons les femmes en coupe et couture. D’autres apprennent comment entretenir un poulailler. Et cela, permet aux femmes d’épargner et de subvenir aux besoins familiaux” témoigne-t-elle.
Et d’ajouter :
“Actuellement, nous avons des femmes leaders qui dirigent les autres. Nous sommes en mesure de faire de petites économies grâce à de petites économies. Le peu que nous déposons dans nos différentes AVEC nous permet d’accéder aux crédits pour booster nos activités génératrices des revenus. Ce qui nous permet de subvenir aux besoins de la famille. Que ce soit le loyer, les médicaments, l’eau, l’électricité et autres”.
Pour Juvénal Mugaruka, président de la synergie de 14 réseaux de Goma et Nyiragongo qui compte 85 AVEC de 3 650 femmes et 500 hommes, le réseautage constitue une porte d’accès aux financements.
“Le programme a aidé les femmes à être des fournisseurs des serviettes hygiéniques à Care international. Nous avions gagné un marché de 5 500$. Chaque femme qui a contribué avec 100$ gagnait 140$ après un mois pour 27 femmes pour leur autonomisation. Un autre succès obtenu, c’est l’accès à la terre chez la femme. C’est-à-dire, les femmes des AVEC de la SYRAVECA au niveau de Majengo, 94 femmes ont récupéré leur argent des AVEC et se sont payées des parcelles pour ne plus être locataires. Tout cet argent a permis aussi l’inclusion financière. Au moins 150 femmes ont droit à un crédit dans une institution de micro finance de la place d’au moins 47 000$ chaque six mois “a pour sa part relaté Juvénal Mugaruka, président de la synergie de 14 RAVEC de Goma et Nyiragongo.
De l’informel à la régularisation des documents administratifs
Plusieurs RAVEC travaillaient dans l’informel. Grâce au renforcement des capacités, par SOPROP, nombreuses d’entre elles ont régularisé leur situation administrative, notamment en se dotant des statuts et règlements d’ordre intérieur notariés.
“En 2023, avec l’appui du SOPROP, nous avons réussi à rédiger notre statut et le notarié. Aujourd’hui, nous avons créé un groupe solidaire pour devenir une porte d’entrée de toutes les femmes pour accéder aux crédits. Pour le moment, nous avons 1 million de francs congolais en Banque. C’est un projet qui nous permettra d’accéder aux crédits moyennant cette somme qui sera considérée comme caution. RECOM compte 20 RAVEC” indique Judith Bushashire, présidente du conseil d’administration du regroupement des RAVEC communaux.
Les responsables de l’ONG SOPROP qui encadrent les femmes à travers leurs différentes plateformes, notamment pour la résilience face aux conséquences néfastes de la guerre et autres catastrophes, se félicitent de l’appui apporté à ces dernières.
” Nous avons accompagné ces structures pour qu’elles puissent quitter une situation et évoluer vers une situation. Nous avons renforcé les capacités de ces structures dans le cadre de l’autonomisation socioéconomique de la femme, la lutte contre les violences basées sur le genre mais aussi l’accès aux documents légaux qui leur permettent de bien fonctionner” précise MUTIA MUTAKA Stéphane, chargé des programmes de GEWEP au sein de la SOPROP.
Le programme GEWEP est mis en œuvre par le consortium SOPROP, DFJ et BOAD avec l’appui financier de Care international. GEWEP 3 est opérationnel dans les zones de Karisimbi, Goma, Kirotshe, Nyiragongo, Rutshuru, Rwanguba, Kayna et Lubero dans la province du Nord-Kivu.
Jonathan Kombi, à Goma
Author(s): actualite.cd
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