Riche en ressources naturelles et en potentiel économique, la République Démocratique du Congo se présente comme une terre d’opportunités pour les investisseurs. Cependant, en dépit de ces potentialités, le Professeur Dady Saleh a souligné dans un entretien avec Tazamardc.net ce mardi 3 décembre 2024, les défis majeurs qui entravent réellement l’essor des investissements dans le pays.
Un contexte économique complexe
Malgré ses atouts indéniables et sa puissance économique indélébile, la RDC fait face à des conflits armés persistants qui fragilisent son environnement économique. Ces tensions poussent certains investisseurs à se tourner vers des pratiques illégales, telles que l’investissement dans des groupes armés ou le pillage des ressources, comme les minerais et le bois. Cette situation soulève la nécessité de repenser en profondeur les stratégies d’investissement à court, moyen et long terme.
Le Professeur Saleh met en garde contre une dépendance excessive vis-à-vis des investisseurs étrangers, qualifiant cela d’« erreur monumentale ». Il insiste sur l’importance cruciale de mobiliser d’abord les investisseurs locaux. Selon lui, la création d’un environnement favorable pour ces acteurs nationaux est indispensable pour stimuler l’économie locale et renforcer la résilience du pays face aux crises extérieures.
« Si nous ne protégeons pas l’investisseur congolais au détriment de l’investisseur étranger, nous nous dirigeons vers un cercle vicieux de mauvais investissements qui pillent les richesses de la RDC, tout en appauvrissant le Congo. Cela permet aux néocolonialistes d’atteindre leur objectif, contribuant ainsi à la pauvreté extrême du peuple congolais. Nous n’avons pas assez de millionnaires ou de milliardaires, et la plupart de ceux que nous avons, environ 90 %, seraient incapables de démontrer comment ils ont créé leur richesse, car c’est souvent par le pillage et le poids politique en tant que commissionnaires qu’ils l’ont obtenue. De plus, nous n’avons pas de banques congolaises, ce qui signifie que le système financier ne fonctionne pas. Or, c’est par les banques que se financent en grande partie les grands investissements. Si nos banques sont contrôlées par le Kenya, la Grande-Bretagne et le Nigeria, ce sont eux qui détiennent réellement la machine financière et économique de la RDC. Ce sont eux qui nous dirigent, car l’argent dirige, et les finances sont la mère de la guerre », a-t-il expliqué.
Le protectionnisme économique
Dans ce même registre, notre source pense que pour booster l’économie congolaise, le pays doit adopter une politique de protection des secteurs stratégiques, à l’instar des États-Unis et de la France. De même, la Chine a longtemps restreint l’accès à ses industries clés, n’ouvrant certains marchés qu’à un stade avancé de son développement économique.
« Les secteurs stratégiques doivent être protégés. Plusieurs entreprises minières sont étrangères. Nous devons prôner le néo-mercantilisme pour relever notre économie. Il faut modifier l’article 58 qui prône l’accès aux richesses pour tout le peuple. Il y a des secteurs que nous devons réserver uniquement aux Congolais. C’est pourquoi je suggère que cela figure dans notre constitution. C’est une forme de protectionnisme nécessaire pour récupérer notre économie. Il y a des secteurs stratégiques que nous ne devons pas laisser aux étrangers et nous devons le faire avec intelligence », a poursuivi le Professeur Dady Saleh.
Ces exemples montrent que la RDC doit réévaluer sa dépendance vis-à-vis des investissements étrangers et envisager une approche plus équilibrée qui privilégie d’abord les acteurs locaux tout en établissant un cadre sécurisé et attractif pour les investisseurs étrangers.
Azarias Mokonzi
Auteur(s): tazamardc.net
Source: Acceder à l’article